1882-2012 : 130 ans aux côtés des sapeurs-pompiers !

A l'occasion de ses 130 années d'existence, la Fédération nationale des sapeurs-pompiers de France vous invite à (re)découvrir les concepts et moments clés qui l'ont façonnée, et font d'elle aujourd'hui encore le socle toujours plus vivant pour tous les sapeurs-pompiers. Chaque jour de la semaine, un fait marquant de son histoire vous est proposé.

vendredi 31 août 2012

[ENSOSP]



ENSOSP,  Notre école !

Depuis plusieurs années, la Fédération demandait la création d’une école d’application. Le Colonel Sibué était le porte-parole de la Fédération sur ce dossier. Son intervention au congrès de Mulhouse en 1976 auprès de M. Gérondeau, directeur de la Sécurité Civile, fut mémorable.

Il rappelait que la France restait l’un des tous derniers pays dits « développés » qui n’avaient pas d’école nationale. La formation, André Sibué, il connaissait et il pratiquait. N’avait-il point créé à Metz où il était directeur départemental l’un des principaux pôles d’excellence d’expertise de sapeurs-pompiers ? A partir de ce pôle, il avait créé une école départementale devenue interrégionale remarquable, dont les enseignements réputés étaient recherchés par les officiers de sapeurs-pompiers de tout le pays.


André Sibué profita d’amitiés nouées dans la résistance, notamment avec le Préfet Paolini, directeur de cabinet du ministre de l’Intérieur, pour promouvoir le dossier de la création d’une école nationale.

A vrai dire, un embryon d’école existait depuis 1946 : le centre national d’Instruction de la Protection contre l’Incendie (CNIPCI)  qui était rue Chaptal à Paris, dirigée par un officier supérieur de la Brigade qui en assurait également la logistique.

Mais l’ambition d’André Sibué était beaucoup plus large, étendue, ouverte. Il voyait une école avec un plateau technique, capable de supporter la totalité des formations de base, et des formations opérationnelles, techniques et administratives qu’un officier professionnel devait suivre tout au long de sa carrière.
Le ministre de l’intérieur M. Bonnet le reçut en tête à tête pour évoquer cette question. Il fut convaincu, comme il le dira lui-même par les arguments développés par le colonel Sibué.

Il décida, la création de l’Ecole Nationale Supérieure des Sapeurs-Pompiers (ENSSP) en 1977.
Il choisit le site de Nainville-les-Roches où se situait un manoir abritant depuis 1954 l’Ecole nationale de protection civile fut choisie.
En hommage à la Fédération et à son président il posa la première pierre de la nouvelle école le 2 octobre 1977 dans le cadre du congrès fédéral de Fontainebleau !

Des locaux pédagogiques et d’hébergement seraient construits dans le parc, un local des équipements sportifs et un embryon de plateau technique viendraient plus tard compléter le site.
Un officier de sapeur-pompier professionnel en serait le directeur.

L’école fonctionnerait avec une subvention de l’Etat et les stagiaires auraient leurs salaires et leur logistique pris en charge par leurs employeurs.

L’école fut ouverte en 1979 et le Président de la République, M. Valéry Giscard d’Estaing vint l’inaugurer.
Le Colonel Jean-Paul SAVELLI en fut le premier directeur.

Le rôle d’André Sibué avait été déterminant. Sa volonté farouche de  parvenir à ses fins, avait triomphé. La reconnaissance accordée à l’unanimité par le Conseil d’administration de l’école en baptisant, en 2010, son grand amphithéâtre du nom d’André Sibué est un juste hommage aux mérites du président fédéral.
Des générations d’officiers commencèrent à arriver par promotions à l’école, devenue en 1986, l’ENSOSP (école nationale supérieure des officiers de sapeurs-pompiers).

Cependant, l’école était victime de son succès. A partir du milieu des années 90, la formation était devenue le premier poste en temps de travail des sapeurs-pompiers. La Fédération avait deux vœux : l’ouverture de l’Ecole aux officiers de sapeurs-pompiers volontaires, l’aménagement d’un module historico-sociologique rappelant l’histoire de la construction du modèle français des secours, les valeurs fondamentales sur lesquelles il est construit et les devoirs que cela impose aux Sapeurs-Pompiers en général et aux officiers tout particulièrement.

Le premier fut peu à peu entendu mais le second mit beaucoup plus de temps à prendre forme puisqu’il fallut attendre l’automne 2011 pour le voir officiellement prendre sa place.

L’école devenait trop petite, il fallait l’agrandir. A Nainville, il n’y avait pas les surfaces nécessaires à la construction d’un plateau technique moderne.

Les modes de gestion de 1977 avaient vécu. L’école avait besoin d’autres fonds pour investir et fonctionner. Elle avait besoin d’un autre statut.

Ce fut toute l’action de la Fédération sous l’instigation de son président le Colonel Daniel ORY avec  ses vice-présidents Jean-Paul AUTRET et Richard VIGNON d’obtenir ce nouveau statut et le plateau technique.

Il décida le ministre de l’intérieur, M. Nicolas SARKOZY en 2002 de prendre les décisions qui depuis longtemps murissaient. Ainsi le 7 juin 2004, un décret transforma l’Ecole Nationale en établissement public, doté d’une personnalité juridique propre avec un président, un conseil d’administration et un directeur et des compétences considérablement élargies.

Le site d’Aix-les-Mille et de Vitrolles pour le plateau technique furent choisis pour accueillir la nouvelle école.

Ce nouveau statut permit à l’Ecole de se développer avec un grand succès. Le site d’Aix fut ouvert en 2007.
Les missions confiées à l’Ecole pour qu’elle devienne le chef de file des écoles de formation, furent remplies avec succès. Son rayonnement dans le monde des sapeurs-pompiers et à l’extérieur du pays aussi. Tout cela était de nature à réjouir les sapeurs-pompiers de France et leur Fédération. Malheureusement, petit à petit, une fêlure se fit entre l’Ecole Nationale et la Fédération. En dépit de la bonne entente de la direction de l’Ecole et des responsables fédéraux, des rapprochements effectués, des actions intentées, cette fêlure se transforma insensiblement en fissure.

D’un côté une volonté de ne pas considérer la Fédération comme le partenaire privilégié, de l’autre des difficultés à participer aux ambitions légitimes de l’Ecole.

Mais cette analyse est trop simple. La Fédération souhaite, en fait, que soit clairement affirmée que l’Ecole Nationale est certes une grande école, l’école de l’élite des sapeurs-pompiers, mais pas une école de l’élite de la République. C'est-à-dire de garder profondément ancré dans les valeurs de l’Ecole que les pompiers émanent de la Nation et de la République, de l’engagement citoyen et non de l’Etat, qu’ils en portent les valeurs propres : la Modernité, l’Universalité, l’Humanisme et la quête de la liberté de l’égalité et de la fraternité ! …et non celles de Discipline et de Technicité ou toutes celles, certes irréprochables, mais sans lien ni sens, gravées sur les marches du site d’Aix.

Il n’y a pas de divergence entre les déclarations d’intention de l’Ecole et ces valeurs fondamentales des sapeurs-pompiers de France, mais il en existe, malheureusement trop souvent, entre les intentions et la pratique quotidienne.

C'est-à-dire que dans ses actes, dans ses pratiques, dans son esprit, l’enseignement et la transmission des valeurs, leur partage et la volonté de les faire vivre au sein de l’Ecole n’est pas, à l’avis, de la Fédération assurée.

De nombreux rapports et notamment celui de la commission Ambition volontariat en 2009 ont relevé cette nécessité.

Et tout porte à croire que nous y arriverons.

La volonté des pompiers de l’Ecole et de la Fédération de s’entendre, de s’écouter, de se comprendre est plus forte que tout. Les échanges sont nombreux. La Fédération participe à l’élaboration des projets de l’Ecole. La place aux sapeurs-pompiers volontaires s’élargit peu à peu. Le module historico-sociologique où sont donnés les rudiments des valeurs fondamentales du modèle français des secours a vu le jour. Il faut encore des pas encore plus grands et plus rapides, c’est possible.

Plus que jamais cette Ecole, voulue, portée, soutenue par les Sapeurs-Pompiers de France doit devenir notre Ecole, celle qui doit être l’extraordinaire institution capable de former des managers compétents pour faire vivre la complémentarité entre les sapeurs-pompiers volontaires et professionnels, la consubstantialité entre nos unités opérationnelles et le réseau associatif, celle qui doit être le formidable vivier et la vitrine limpide de nos valeurs, de la Nation, de la République !

1 commentaire:

  1. WENDLING-LEPRINCE28 juin 2013 à 16:16

    Que sont devenus les archives "photographiques" et autres de l'ancienne école de la rue Chaptal ( une crèche et une médiathèque de nos jours...)
    Merci

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