ENSOSP, Notre école !
Depuis plusieurs années, la Fédération demandait la
création d’une école d’application. Le Colonel Sibué était le porte-parole de la Fédération sur ce
dossier. Son intervention au congrès de Mulhouse en 1976 auprès de M. Gérondeau, directeur de la Sécurité Civile ,
fut mémorable.
Il rappelait que la France restait l’un des
tous derniers pays dits « développés » qui n’avaient pas d’école
nationale. La formation, André Sibué, il connaissait et il pratiquait.
N’avait-il point créé à Metz où il était directeur départemental l’un des
principaux pôles d’excellence d’expertise de sapeurs-pompiers ? A partir
de ce pôle, il avait créé une école départementale devenue interrégionale
remarquable, dont les enseignements réputés étaient recherchés par les
officiers de sapeurs-pompiers de tout le pays.
André Sibué profita d’amitiés
nouées dans la résistance, notamment avec le Préfet Paolini, directeur de
cabinet du ministre de l’Intérieur, pour promouvoir le dossier de la création
d’une école nationale.
A vrai dire, un embryon d’école
existait depuis 1946 : le centre national d’Instruction de la Protection contre
l’Incendie (CNIPCI) qui était rue
Chaptal à Paris, dirigée par un officier supérieur de la Brigade qui en assurait
également la logistique.
Mais l’ambition d’André Sibué
était beaucoup plus large, étendue, ouverte. Il voyait une école avec un
plateau technique, capable de supporter la totalité des formations de base, et
des formations opérationnelles, techniques et administratives qu’un officier
professionnel devait suivre tout au long de sa carrière.
Le ministre de l’intérieur M.
Bonnet le reçut en tête à tête pour évoquer cette question. Il fut convaincu,
comme il le dira lui-même par les arguments développés par le colonel Sibué.
Il décida, la création de
l’Ecole Nationale Supérieure des Sapeurs-Pompiers (ENSSP) en 1977.
Il choisit le site de
Nainville-les-Roches où se situait un manoir abritant depuis 1954 l’Ecole
nationale de protection civile fut choisie.
En hommage à la Fédération et à son
président il posa la première pierre de la nouvelle école le 2
octobre 1977 dans le cadre du congrès fédéral de Fontainebleau !
Des locaux pédagogiques et d’hébergement
seraient construits dans le parc, un local des équipements sportifs et un
embryon de plateau technique viendraient plus tard compléter le site.
Un officier de sapeur-pompier
professionnel en serait le directeur.
L’école fonctionnerait avec une
subvention de l’Etat et les stagiaires auraient leurs salaires et leur
logistique pris en charge par leurs employeurs.
L’école fut ouverte en 1979 et
le Président de la
République , M. Valéry Giscard d’Estaing vint l’inaugurer.
Le Colonel Jean-Paul SAVELLI en
fut le premier directeur.
Le rôle d’André Sibué avait été
déterminant. Sa volonté farouche de
parvenir à ses fins, avait triomphé. La reconnaissance accordée à
l’unanimité par le Conseil d’administration de l’école en baptisant, en 2010,
son grand amphithéâtre du nom d’André Sibué est un juste hommage aux mérites du
président fédéral.
Des générations d’officiers
commencèrent à arriver par promotions à l’école, devenue en 1986, l’ENSOSP
(école nationale supérieure des officiers de sapeurs-pompiers).
Cependant, l’école était
victime de son succès. A partir du milieu des années 90, la formation était
devenue le premier poste en temps de travail des sapeurs-pompiers. La Fédération avait deux
vœux : l’ouverture de l’Ecole aux officiers de sapeurs-pompiers volontaires,
l’aménagement d’un module historico-sociologique rappelant l’histoire de la
construction du modèle français des secours, les valeurs fondamentales sur
lesquelles il est construit et les devoirs que cela impose aux Sapeurs-Pompiers
en général et aux officiers tout particulièrement.
Le premier fut peu à peu
entendu mais le second mit beaucoup plus de temps à prendre forme puisqu’il
fallut attendre l’automne 2011 pour le voir officiellement prendre sa place.
L’école devenait trop petite,
il fallait l’agrandir. A Nainville, il n’y avait pas les surfaces nécessaires à
la construction d’un plateau technique moderne.
Les modes de gestion de 1977
avaient vécu. L’école avait besoin d’autres fonds pour investir et fonctionner.
Elle avait besoin d’un autre statut.
Ce fut toute l’action de la Fédération sous
l’instigation de son président le Colonel Daniel ORY avec ses vice-présidents Jean-Paul AUTRET et
Richard VIGNON d’obtenir ce nouveau statut et le plateau technique.
Il décida le ministre de
l’intérieur, M. Nicolas SARKOZY en 2002 de prendre les décisions qui depuis
longtemps murissaient. Ainsi le 7 juin 2004, un décret transforma l’Ecole
Nationale en établissement public, doté d’une personnalité juridique propre
avec un président, un conseil d’administration et un directeur et des
compétences considérablement élargies.
Le site d’Aix-les-Mille et de
Vitrolles pour le plateau technique furent choisis pour accueillir la nouvelle
école.
Ce nouveau statut permit à
l’Ecole de se développer avec un grand succès. Le site d’Aix fut ouvert en
2007.
Les missions confiées à l’Ecole
pour qu’elle devienne le chef de file des écoles de formation, furent remplies
avec succès. Son rayonnement dans le monde des sapeurs-pompiers et à
l’extérieur du pays aussi. Tout cela était de nature à réjouir les
sapeurs-pompiers de France et leur Fédération. Malheureusement, petit à petit,
une fêlure se fit entre l’Ecole Nationale et la Fédération. En
dépit de la bonne entente de la direction de l’Ecole et des responsables
fédéraux, des rapprochements effectués, des actions intentées, cette fêlure se
transforma insensiblement en fissure.
D’un côté une volonté de ne pas
considérer la Fédération
comme le partenaire privilégié, de l’autre des difficultés à participer aux
ambitions légitimes de l’Ecole.
Mais cette analyse est trop
simple. La Fédération
souhaite, en fait, que soit clairement affirmée que l’Ecole Nationale est
certes une grande école, l’école de l’élite des sapeurs-pompiers, mais pas une
école de l’élite de la
République. C'est -à-dire de garder profondément ancré dans
les valeurs de l’Ecole que les pompiers émanent de la Nation et de la République , de
l’engagement citoyen et non de l’Etat, qu’ils en portent les valeurs
propres : la Modernité ,
l’Universalité, l’Humanisme et la quête de la liberté de l’égalité et de la
fraternité ! …et non celles de Discipline et de Technicité ou toutes
celles, certes irréprochables, mais sans lien ni sens, gravées sur les marches
du site d’Aix.
Il n’y a pas de divergence
entre les déclarations d’intention de l’Ecole et ces valeurs fondamentales des
sapeurs-pompiers de France, mais il en existe, malheureusement trop souvent,
entre les intentions et la pratique quotidienne.
C'est-à-dire que dans ses
actes, dans ses pratiques, dans son esprit, l’enseignement et la transmission
des valeurs, leur partage et la volonté de les faire vivre au sein de l’Ecole
n’est pas, à l’avis, de la
Fédération assurée.
De nombreux rapports et
notamment celui de la commission Ambition volontariat en 2009 ont relevé
cette nécessité.
Et tout porte à croire que nous
y arriverons.
La volonté des pompiers de
l’Ecole et de la Fédération
de s’entendre, de s’écouter, de se comprendre est plus forte que tout. Les
échanges sont nombreux. La
Fédération participe à l’élaboration des projets de l’Ecole.
La place aux sapeurs-pompiers volontaires s’élargit peu à peu. Le module
historico-sociologique où sont donnés les rudiments des valeurs fondamentales
du modèle français des secours a vu le jour. Il faut encore des pas encore plus
grands et plus rapides, c’est possible.
Plus que jamais cette Ecole,
voulue, portée, soutenue par les Sapeurs-Pompiers de France doit devenir notre
Ecole, celle qui doit être l’extraordinaire institution capable de former des
managers compétents pour faire vivre la complémentarité entre les
sapeurs-pompiers volontaires et professionnels, la consubstantialité entre nos
unités opérationnelles et le réseau associatif, celle qui doit être le
formidable vivier et la vitrine limpide de nos valeurs, de la Nation , de la République !
Que sont devenus les archives "photographiques" et autres de l'ancienne école de la rue Chaptal ( une crèche et une médiathèque de nos jours...)
RépondreSupprimerMerci