1882-2012 : 130 ans aux côtés des sapeurs-pompiers !

A l'occasion de ses 130 années d'existence, la Fédération nationale des sapeurs-pompiers de France vous invite à (re)découvrir les concepts et moments clés qui l'ont façonnée, et font d'elle aujourd'hui encore le socle toujours plus vivant pour tous les sapeurs-pompiers. Chaque jour de la semaine, un fait marquant de son histoire vous est proposé.

jeudi 30 août 2012

[CITATION À L'ORDRE DE LA NATION]

Source : Gouvernement français, archives familiales.


Le 30 août 1947, il y a exactement 65 ans aujourd’hui, le gouvernement de Paul Ramadier, cite la Fédération Nationale des sapeurs-pompiers français à l’Ordre de la Nation. Le texte est éloquent :
« Par leur héroïsme et leur sang froid au cours de la lutte contre les multiples incendies survenus durant les hostilités et par leur participation inlassable à toutes les modalités de la Résistance durant l’occupation, les officiers et les sapeurs des Corps composant la Fédération Nationale se sont acquis des titres incontestables à la reconnaissance du Pays »
Le président de la Fédération, le commandant Paul Geoffroy, écrira dans les colonnes du « Sapeur-Pompier » : « que le libellé de cette citation ne laisse aucun doute : ce sont les Officiers et les sapeurs de tous les Corps français sans exception qui, par leur valeur, leur dévouement à servir, leur action dans la Résistance, bénéficient de cet honneur. Indépendamment des récompenses individuelles et de celles décernées à certains Corps, le Gouvernement a voulu témoigner sa reconnaissance à tous les Sapeurs-Pompiers unis dans le sein de notre Grande Fédération Nationale. »

Une citation à l’ordre de la Nation, accordée à titre collectif, à une Fédération, c’est exceptionnel au sens littéral du mot. Elle est aussi extrêmement importante, dans sa portée et sa signification pour les sapeurs-pompiers de France et leur Fédération :

- Elle signifie bien d’abord que la Fédération représente tous les sapeurs-pompiers de France. C’est l’instance Nationale qui a charge de le faire. Ce texte le reconnaît avec un naturel qui relève du truisme. Et la Fédération les regroupe tous (« /… les officiers et les sapeurs des Corps composant la Fédération Nationale … /») qu’ils soient adhérents ou pas parce qu’ils en sont tous bénéficiaires. Cette citation le dit avec une limpidité extraordinaire puisque c’est à travers la Fédération que sont honorés, en 1947, tous les sapeurs-pompiers de France, sans exception, comme le fait remarquer le président Geoffroy.

- Cette citation clôt aussi un débat : les sapeurs-pompiers ont agi sous l’occupation avec héroïsme et ont participé à toutes les modalités de la Résistance. N’oublions pas qu’en 1947, on sort à peine de « l’Epuration », des grands procès des collaborateurs, des mises en cause des grands corps nationaux, des entreprises qui ont collaboré. Non seulement les sapeurs-pompiers de France ne sont entachés d’aucune faute, mais de surcroît leur comportement a été exemplaire. C’est le premier gouvernement de la IVe République qui le dit, le gouvernement Ramadier directement inspiré du Conseil National de la Résistance. Redisons-le, c’est exceptionnel !

La portée de cette reconnaissance va encore beaucoup plus loin : le Conseil national de la Résistance est cette instance qui a fait vivre pendant la guerre et après guerre, les valeurs de la République et suscité cet élan inouï qui transcende les clivages politiques : il existe un devoir sacré : œuvrer pour l’intérêt général de la Nation ; la République a un Universalisme qui mène vers un paradis laïque collectif où tous les Français seront libres, égaux et frères ! Et parmi tous les corps sociaux républicains, c’est à celui qui émane de la Nation, et non pas à ceux qui procèdent de l’Etat, que l’on reconnaît d’avoir en présence de l’ennemi qui occupe le pays, porté ces valeurs de la République, ceux qui agissent ensemble, avec abnégation, courage et dévouement pour l’Universalité de la France. Et ce ne fut pas chose facile ! Rappelons que l’armée d’occupation et l’Etat français se sont méfiées des sapeurs-pompiers pendant toute l’occupation, estimant qu’ils n’étaient pas loyaux, ni suffisamment dociles et que l’on ne pouvait accorder aucune confiance à des unités où l’engagement est libre, citoyen, et où l’on s’administre librement. De très nombreux corps communaux furent dissous et la défense contre l’incendie donnée à des unités militaires placées sous la tutelle de l’Etat de Vichy, ou à des unités de l’armée d’occupation. Ce furent des échecs. Les sapeurs-pompiers de France, parce qu’ils émanent de la Nation qui prend, à travers eux, à son compte la responsabilité des secours, continuèrent à l’exercer avec leurs moyens, quelquefois plus que leur bras, leur bonne volonté et leur courage, avec des « auschwetch » de défense civile! … On imagine sans mal ce qui a pu susciter, au ministère de Monsieur Dupeux en 1947, la transcription sur la Citation des termes d’héroïsme et de Résistance… !

C’est un formidable héritage que nous ont laissé nos anciens. A nous de faire valoir cette Citation pour bien revendiquer ce qu’elle nous accorde : s’il y a en France « un corps social » qui est fidèle, par-dessus tout, à la République, y compris même, par-dessus l’Etat quand le pouvoir en place est dévoyé et a perdu les valeurs républicaines, un corps social, qui par son action quotidienne, au nom de la Nation au nom de son intérêt général, résiste parce que son action est de la résistance immanente, c’est bien celui des sapeurs-pompiers et pas un autre, surtout pas ceux qui auraient aujourd’hui quelques condescendances à l’égard de ces modestes, de ces humbles, à qui l’on ne pourrait pas faire confiance parce qu’ils n’émaneraient pas de l’Etat, parce qu’ils auraient l’orgueilleuse prétention de considérer que leur engagement est libre !
Brandissons cette Citation comme un étendard ! Avec fierté ! Lisons-la ! Rappelons-la ! Faisons la valoir ! C’est utile dans le débat actuel.

Les sapeurs-pompiers de France sont les premiers à qui la République doit faire confiance quand elle veut promouvoir son modèle de Sécurité Civile !

La preuve ? La Citation à l’Ordre de la Nation de 1947 !


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