Habillement : une longue lutte des pompiers !
" Les Pompiers ? Des hommes libres qui s’organisent librement ! Et bien, ils s’habillent et s’équipent comme ils l’entendent et à leurs frais, bien sûr ! " Ainsi pendant très longtemps, l’habillement n’a été pour les sapeurs-pompiers qu’une longue quête pour se protéger au feu et avoir une tenue uniforme sur tout le territoire de la République.
D’abord on ne parla que des tenues de ville (ou tenue de sortie), que l’on mettait d’ailleurs aussi pour aller au feu… enfin vaguement. Les sapeurs-pompiers dans les compagnies les plus riches portaient l’uniforme de la garde nationale ou celui des sapeurs-pompiers de Paris. En 1831 une loi dota les sapeurs-pompiers de la garde nationale d’un uniforme. Ce fut l’époque de superbes tenues mettant en valeur les formes bien galbées, avec des casques à plumets ou chenilles extraordinaires. Comme il y avait beaucoup de liberté dans la définition de la tenue, on rivalisait souvent de magnificence entre régions. Malheureusement dans beaucoup d’autres endroits on devait négocier de manière très dure avec sa mairie ou procéder à des souscriptions auprès des populations pour obtenir des casques de cuivre ou de laiton, pour se protéger, au moins, la tête (la première chose à laquelle on pensa).
Le décret de 1875 rendit obligatoire le port de l’uniforme pour les officiers et les sapeurs-pompiers des villes de plus de 3000 habitants. En 1887 les sapeurs-pompiers communaux obtinrent l’autorisation de porter le même uniforme que les sapeurs-pompiers de Paris (boutons argentés au lieu d’être dorés). Mais chaque compagnie continuait de s’habiller comme elle l’entendait.
Le décret de 1903 imposa aux communes d’habiller leurs sapeurs-pompiers, sauf pour les officiers. Faibles évolutions. Comme si tous ces errements ne suffisaient pas, il y eut avec la Grande Guerre, le droit de réquisition de l’armée pour acheter, à des prix dérisoires aux communes, l’habillement des pompiers, dont l’armée, la guerre finie, revendit les surplus au prix fort, sous un concert de protestations des élus et de la Fédération.
Enfin, le décret du 28 juillet 1925 reprenant une revendication de la Fédération exprimée en 1925 au congrès de Saint-Quentin, fixa une tenue règlementaire unique pour tous les sapeurs-pompiers. Depuis son modèle ne connut que des changements mineurs.
Mais tout ceci ne concernait que la tenue officielle. Pour la tenue de feu, la plus grande liberté existait : un casque en acier ou en nickel (le fameux « bonnet en peau de locomotive »), souvent des bottes, plus rarement un veston de peau, mais très souvent à part quelque rares corps urbains, c’était la grande indigence!
En dépit de l’arrêté de 1953 définissant pour la première fois une tenue d’intervention, jusqu'à la toute fin du siècle dernier, il n’était pas rare de voir des sapeurs-pompiers avec des casques de modèle Franck, des vestes noires en matière plastique renforcée, des combinaisons de couleur variable, bleues, grises, jaune-orange ; certains sapeurs-pompiers intervenaient même en civil, avec leur casque uniquement, alors que tous avaient une tenue de sortie, celle acquise en 1925 !
La départementalisation apporta des moyens pour équiper les sapeurs-pompiers. Si l’arrêté du 6 mai 2000 fixa cinq types de tenue (tenue de cérémonie, de sortie, de service, d’intervention et de sport) , les SDIS portèrent leur effort sur la tenue d’intervention et de service et, pour des raisons financières, beaucoup trop supprimèrent, pratiquement, la tenue de cérémonie. Pour celles-ci les sapeurs-pompiers revêtent le treillis de service. La tenue de cérémonie reste l’apanage des seuls officiers. C’est faire fi de cette longue lutte des sapeurs-pompiers pour obtenir leur tenue, symbole de leur identité et de leur unité ! C’est faire fi de l’égalité de traitement qui doit exister entre les sapeurs-pompiers de tout grade. Les sapeurs-pompiers, volontaires notamment, qui participent aux cérémonies officielles, patriotiques, regrettent et réclament une tenue de cérémonie. Certains corps départementaux reviennent à plus de raison. Mais déjà une nouvelle lutte a commencé !
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