BACKDRAFT et FLASHOVER, termes couramment employés dans le jargon des
sapeurs-pompiers, qualifient deux situations de progression de feu en structure
extrêmement dangereuses pour les sapeurs pompiers. Leur soudaineté, et les
difficultés qu’implique leur prise en compte les rendent d’autant plus
redoutés. Mais comment apparaissent-ils ?
Lorsqu’un feu se déclare dans une structure, il est encore peu
influencé par celle-ci. Il se développe progressivement : C’est la phase
de CROISSANCE. S’il n’est pas stoppé dans sa progression par manque de
combustible, il va totalement impliquer son support d’ignition.
Ensuite, progressivement, le comportement du feu va être influencé par
la structure qui l’abrite : S’il s’agit d’une pièce totalement close, il
ne va pas tarder à perdre en puissance par manque d’air. Si rien n’est fait, le
foyer finira par s’éteindre totalement, et le volume dissipera la chaleur
emmagasinée : le feu se sera éteint de lui-même.
En revanche, dans un volume présentant des ouvrants, le feu disposera
d’un apport d’air constant, lui permettant d’évoluer. Rapidement, suivant le
cheminement des gaz chauds, la chaleur s’accumulera en partie haute (par
convection), permettant aux flammes de se propager sous le plafond, avant
d’être évacuées vers l’extérieur. Or, lorsque le feu dégage une telle quantité
d’énergie, il soumet toute la pièce à des flux de chaleur (supérieurs à 20
kW/m²) capables d’embraser tout type de combustible en quelques instants. Cette
transition, parfois ultra rapide, entre un feu localisé à son combustible
initial, et un embrasement généralisé, est généralement désignée par le terme
FLASHOVER dans les pays anglophones.
Une fois cette phase de PLEIN DEVELOPPEMENT atteinte, rien ne
l’arrêtera tant qu’il n’aura pas consommé tous les combustibles dont il
dispose. Puis enfin, il amorcera une lente perte d’intensité (période de
DECROISSANCE), jusqu’à s’éteindre de lui-même.
Présentés ainsi, les scénarios sont simples. Mais la réalité n’offre
pas beaucoup d’exemples aussi aisés : les contraintes appliquées à la
structure (bris de vitre sous la chaleur / perte d’étanchéité des plafonds) et
l’intervention des sapeurs pompiers, peuvent à tout moment venir rompre
l’équilibre précaire entre un feu qui s’éteint de lui-même et un feu atteignant
son plein développement. Cette divergence entre les deux courbes de
développement de feu, où tout peut arriver, est désignée
par le terme de ZONE GRISE.
Le BACKDRAFT (ou Backdraught) est le parfait exemple des phénomènes
pouvant avoir lieu dans cette « Zone Grise ». Le feu ne pouvant se
développer à loisir, du fait de l’absence d’ouvrant (et donc d’apport d’air),
le foyer va perdre d’intensité après avoir consommé ce qu’il pouvait de
l’oxygène présent : il en devient à ce point limité par le comburant, que
les flammes disparaissent. Cependant, la chaleur présente dans le volume et les
combustibles impliqués ne se dissipant pas immédiatement, le foyer, couvant, va
poursuivre le processus de pyrolyse des matériaux, et charger la pièce en gaz
inflammables. Ce temps de « survie » du foyer peut-être rallongé par
l’absence d’étanchéité totale des pièces (interstices sous les portes, etc.),
permettant de petits apports d’air intermittents.
Durant cette période, le premier apport d’air suffisant va permettre
l’inflammation rapide des fumées, associant une énorme libération de chaleur à
une dilatation brutale des gaz. Une déflagration se produit, sa violence se
trouvant la plus concentrée à l’endroit de l’ouvrant ayant cédé.
Pour les sapeurs-pompiers, toute la difficulté de gestion de ces progressions rapides de feu se trouve
dans leur fulgurance. Cette transition quasi instantanée d’une situation sous
contrôle (et viable) à une situation ingérable (et insoutenable pour un être
humain, même protégé) ne permettant pas de parade adéquate, il faut absolument
se placer dans un processus d’évitement (de l’évènement ou du risque). Deux
possibilités se présentent, véritables enjeux d’aujourd’hui : Soit
pourvoir les prévenir, en anticipant leur survenance, soit être en capacité de
les neutraliser en restant en sécurité…
JG
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