1882-2012 : 130 ans aux côtés des sapeurs-pompiers !

A l'occasion de ses 130 années d'existence, la Fédération nationale des sapeurs-pompiers de France vous invite à (re)découvrir les concepts et moments clés qui l'ont façonnée, et font d'elle aujourd'hui encore le socle toujours plus vivant pour tous les sapeurs-pompiers. Chaque jour de la semaine, un fait marquant de son histoire vous est proposé.

mercredi 12 septembre 2012

[BACKDRAFT ET FLASHOVER]


BACKDRAFT et FLASHOVER, termes couramment employés dans le jargon des sapeurs-pompiers, qualifient deux situations de progression de feu en structure extrêmement dangereuses pour les sapeurs pompiers. Leur soudaineté, et les difficultés qu’implique leur prise en compte les rendent d’autant plus redoutés. Mais comment apparaissent-ils ?


Lorsqu’un feu se déclare dans une structure, il est encore peu influencé par celle-ci. Il se développe progressivement : C’est la phase de CROISSANCE. S’il n’est pas stoppé dans sa progression par manque de combustible, il va totalement impliquer son support d’ignition.
Ensuite, progressivement, le comportement du feu va être influencé par la structure qui l’abrite : S’il s’agit d’une pièce totalement close, il ne va pas tarder à perdre en puissance par manque d’air. Si rien n’est fait, le foyer finira par s’éteindre totalement, et le volume dissipera la chaleur emmagasinée : le feu se sera éteint de lui-même.

En revanche, dans un volume présentant des ouvrants, le feu disposera d’un apport d’air constant, lui permettant d’évoluer. Rapidement, suivant le cheminement des gaz chauds, la chaleur s’accumulera en partie haute (par convection), permettant aux flammes de se propager sous le plafond, avant d’être évacuées vers l’extérieur. Or, lorsque le feu dégage une telle quantité d’énergie, il soumet toute la pièce à des flux de chaleur (supérieurs à 20 kW/m²) capables d’embraser tout type de combustible en quelques instants. Cette transition, parfois ultra rapide, entre un feu localisé à son combustible initial, et un embrasement généralisé, est généralement désignée par le terme FLASHOVER dans les pays anglophones.
Une fois cette phase de PLEIN DEVELOPPEMENT atteinte, rien ne l’arrêtera tant qu’il n’aura pas consommé tous les combustibles dont il dispose. Puis enfin, il amorcera une lente perte d’intensité (période de DECROISSANCE), jusqu’à s’éteindre de lui-même.

Présentés ainsi, les scénarios sont simples. Mais la réalité n’offre pas beaucoup d’exemples aussi aisés : les contraintes appliquées à la structure (bris de vitre sous la chaleur / perte d’étanchéité des plafonds) et l’intervention des sapeurs pompiers, peuvent à tout moment venir rompre l’équilibre précaire entre un feu qui s’éteint de lui-même et un feu atteignant son plein développement. Cette divergence entre les deux courbes de développement de feu, où tout peut arriver, est désignée par le terme de ZONE GRISE.

Le BACKDRAFT (ou Backdraught) est le parfait exemple des phénomènes pouvant avoir lieu dans cette « Zone Grise ». Le feu ne pouvant se développer à loisir, du fait de l’absence d’ouvrant (et donc d’apport d’air), le foyer va perdre d’intensité après avoir consommé ce qu’il pouvait de l’oxygène présent : il en devient à ce point limité par le comburant, que les flammes disparaissent. Cependant, la chaleur présente dans le volume et les combustibles impliqués ne se dissipant pas immédiatement, le foyer, couvant, va poursuivre le processus de pyrolyse des matériaux, et charger la pièce en gaz inflammables. Ce temps de « survie » du foyer peut-être rallongé par l’absence d’étanchéité totale des pièces (interstices sous les portes, etc.), permettant de petits apports d’air intermittents.

Durant cette période, le premier apport d’air suffisant va permettre l’inflammation rapide des fumées, associant une énorme libération de chaleur à une dilatation brutale des gaz. Une déflagration se produit, sa violence se trouvant la plus concentrée à l’endroit de l’ouvrant ayant cédé.

Pour les sapeurs-pompiers, toute la difficulté de gestion de ces progressions rapides de feu se trouve dans leur fulgurance. Cette transition quasi instantanée d’une situation sous contrôle (et viable) à une situation ingérable (et insoutenable pour un être humain, même protégé) ne permettant pas de parade adéquate, il faut absolument se placer dans un processus d’évitement (de l’évènement ou du risque). Deux possibilités se présentent, véritables enjeux d’aujourd’hui : Soit pourvoir les prévenir, en anticipant leur survenance, soit être en capacité de les neutraliser en restant en sécurité…
JG

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