1882-2012 : 130 ans aux côtés des sapeurs-pompiers !

A l'occasion de ses 130 années d'existence, la Fédération nationale des sapeurs-pompiers de France vous invite à (re)découvrir les concepts et moments clés qui l'ont façonnée, et font d'elle aujourd'hui encore le socle toujours plus vivant pour tous les sapeurs-pompiers. Chaque jour de la semaine, un fait marquant de son histoire vous est proposé.

lundi 6 août 2012

[ LA TOURNÉE DES CALENDRIERS ]



Dès le mois d’octobre, les sapeurs-pompiers viennent présenter leurs calendriers à la population de leur centre de secours. Cette tradition remonte à plusieurs dizaines d’année, mais s’est généralisée après la seconde guerre mondiale.

En effet, les sapeurs-pompiers de France, on ne le dira jamais assez, pratiquent un engagement citoyen, un engagement spontané et généreux au service des autres. Il est libre et pleinement responsable. C'est-à-dire que l’organisation et la distribution des secours en France sont, en pleine responsabilité, à la charge de ceux qui les exercent. Les décrets parus dans le premier siècle de l’histoire des sapeurs-pompiers, y compris celui de 1905, fixaient un certain nombre de règles et de contingences qui  ne faisaient qu’alourdir les tâches de ceux qui s’engageaient.

En fait, toute l’histoire des sapeurs-pompiers de France et de leur Fédération, résulte de deux quêtes : organiser, structurer, équiper son centre de secours, former les hommes et avec leur Fédération susciter, participer à l’élaboration, peser pour aller dans le sens de leurs propositions, à la parution de textes normatifs permettant de progresser sur le plan communal, puis départemental et enfin national. Pratiquement aucun texte de loi, aucun texte règlementaire favorable aux sapeurs-pompiers et à l’intérêt général des populations ne fut promulgué sans que la Fédération n’en ait été à l’initiative, le promoteur et le porteur. C’est en cela que la Fédération des sapeurs-pompiers de France est la matrice du modèle français des secours. Modèle construit en pleine responsabilité par les sapeurs-pompiers de France.

Le financement des services n’a pas échappé à cette règle. La recherche des financements est de la pleine responsabilité des sapeurs-pompiers. Y compris aujourd’hui, d’où cette incompréhension avec les élus gestionnaires qui estiment que depuis 1996, les départements et les communes financent totalement  les services et que les sapeurs-pompiers n’auraient pas à  participer à ce débat. Ce serait faire injure à l’histoire, ce serait mal comprendre en quoi consiste l’engagement citoyen, ce serait dédaigner les efforts fournis par le réseau associatif des sapeurs-pompiers avant la départementalisation.

En effet, les sapeurs-pompiers collectaient eux-mêmes les fonds pour s’équiper : subventions auprès des communes, des banques des associations philanthropiques, souscriptions soutenues par les journaux locaux auprès des populations et… argent des calendriers. Tout contribuait à acheter l’auto-pompe ou la moto-pompe, plus tard le cardioscope–défibrillateur, le matériel de désincarcération, le canot de sauvetage, le casque F1, la veste textile, la moto, à  réfectionner le centre de secours, et à payer la quasi-totalité des systèmes complémentaires de couverture sociale (Œuvre des Pupilles, assurances hors service commandé, assurances complémentaires en service commandé etc.). 

Et ce… pendant deux cents ans et aujourd’hui encore, nombre d’amicales des centres de première intervention, mais aussi des centres de secours des corps départementaux consacrent une partie de leur budget à l’achat d’équipement complémentaire que ne veut pas leur fournir le corps départemental (moyens d’éclairage individuel, coupe-pédale, manuels de formation etc.). Aujourd’hui encore, les sapeurs-pompiers de la plupart des centres de secours font des travaux à l’intérieur de leur centre en y consacrant leur temps et en y dépensant l’argent de l’amicale (aménagement du vestiaire féminin, de celui des JSP, travaux de peinture, équipement du foyer en tables chaises fauteuils, réfrigérateur, four micro-onde, télévision etc.) 

Il faut bien avouer que certaines unités très professionnalisées, pas toutes fort heureusement,  ont tendance à perdre cette dimension de convivialité. L’argent des calendriers y est, en effet,  consacré à des prestations s’approchant trop de celles de comité d’entreprise. La solidarité des sapeurs-pompiers, indéniablement s’en ressent et est beaucoup plus lâche, dans ces centres de secours, que dans les autres. En dépit de ces cas,  les seules recettes de nos amicales demeurent actuellement celles des calendriers. Elles sont consacrées principalement à des prestations sociales, à de l’entraide entre sapeurs-pompiers, et à des prestations festives : Sainte-Barbe, arbre de Noël pour les enfants, promenade et diverses manifestations où la famille des sapeurs-pompiers se retrouve avec conjoints et enfants. L’amicale est dans ce sens le thermomètre de l’ambiance du centre de secours et le creuset de la fusion solidaire des sapeurs-pompiers.

C‘est dire l’importance de la collecte des calendriers. Tous les sapeurs-pompiers y sont astreints, c’est le signe de leur appartenance à leur amicale, donc à leur centre de secours. Certains rechignent, mais peu refusent catégoriquement. Il est vrai que là aussi, il existe des dérives inquiétantes dans certaines unités professionnelles, dans la pratique et dans l’esprit avec la recherche de profiter individuellement de la collecte des calendriers. Les tournées sont savamment organisées, les mêmes pompiers, par paires (le patron et le matelot),  font généralement les mêmes tournées tous les ans. Il y a la tournée principale et les  « repassages ». Quand un ancien part à la retraite, il présente  son successeur à la population de son secteur.

Peu de portes restent closes, même si les dons sont parfois modestes. Plus beaucoup de donateurs continuent de penser que les sapeurs-pompiers acquièrent encore du matériel avec l’argent des dons, mais personne ne doute que cet argent sera bien employé.  Cette tournée des calendriers, souvent décriée par les plus jeunes, devient au fil du temps, une véritable rencontre de la population avec ses sapeurs-pompiers. On se retrouve, on renoue les conversations de l’année passée, on fait le bilan familial de l’année, on prend le café, moins souvent l’apéritif que l’année passée, on prend les doléances aussi. Beaucoup de personnes âgées attendent avec beaucoup d’impatience « leurs petits pompiers si gentils » et certaines téléphonent au centre de secours quand elles ne les voient pas passer, parce qu’elles regretteraient trop de l’avoir manqué, et si c’est le cas, elles viendront au centre porter leur obole modestement et en espérant apercevoir… « leurs petits pompiers » !

Personne ne comprend pourquoi le taux de personnes heureuses de leurs sapeurs-pompiers peut atteindre 98% de la population. On pense que c’est  parce que c’est un service gratuit, performant, utile, humain. Tout est vrai. Mais ceux qui n’ont jamais fait une tournée, ne pourront jamais comprendre l’osmose ? non ; la fusion ? non ; la fraternité ? non ; entre les sapeurs-pompiers et la population. C’est plus banal, et c’est plus fort. Les sapeurs-pompiers sont tout simplement des membres de la famille, ils sont des leurs, qui viennent présenter leurs vœux, et souvent même les derniers de la famille à le faire, et les derniers à qui on donne... des étrennes !

Irremplaçable, inimitable, richissime lien social de la Nation ! Ce n’est ni plus, mais surtout ni moins la tournée des calendriers ! 

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