1882-2012 : 130 ans aux côtés des sapeurs-pompiers !

A l'occasion de ses 130 années d'existence, la Fédération nationale des sapeurs-pompiers de France vous invite à (re)découvrir les concepts et moments clés qui l'ont façonnée, et font d'elle aujourd'hui encore le socle toujours plus vivant pour tous les sapeurs-pompiers. Chaque jour de la semaine, un fait marquant de son histoire vous est proposé.

mardi 24 juillet 2012

[LE FLÉAU ESTIVAL : LES FEUX DE FORET]


Ce sont des monstres ! Dévorateurs de vies humaines, animales, végétales, dévorateurs de maisons, dévorateurs de la Nature. Ils provoquent des désastres humains, économiques, environnementaux. Ils ne respectent rien, même pas les dieux. Ils détruisent tout, ils ne s’arrêtent jamais avant d’être terrassés. Ils parcourent des centaines de milliers d’hectares : la terre brûlée ! Ils se servent de tout, aussi bien du vallonnement qui leur donne de la cinétique que de la platitude des terrains qui leur permet de galoper, de la sécheresse mais aussi de l’humidité qui ralentit leurs combattants, de la fournaise qui met en route des synergies, pouvant aller jusqu’aux tempêtes de feu, jusqu’à la fusion de la matière. Rien ne les arrête : ni coupe feu, ni routes, ni même les autoroutes, les rivières, les lacs, par-dessus lesquels ils jouent à saute-mouton… et même par dessus les hommes.

Ils sont partout : le bassin méditerranéen, l’Espagne, la Grèce, l’Italie, la Croatie, l’Albanie, la Côte d’Azur, la Provence, le Languedoc, le Roussillon, la Corse, la Côte Atlantique : Portugal, Aquitaine, Bretagne ; les Etats-Unis (la Californie), le Canada, l’Australie, la Russie, la Mongolie et combien d’autres.
Ils sont trompeurs, pervers. Ils se calment, ils s’abattent, mais ils couvent et endorment leurs combattants pour repartir de plus belle au moindre coup de vent qui attise les braises, ou après les avoir contournés en passant par-dessous dans la couche d’humus ou de tourbe.
Ils sont la terreur à l’état pur, la terreur de tout temps à jamais de l’Humanité. Depuis l’aube de leur existence, les hommes les ont toujours fuis pour leur échapper, parce qu’ils ne pouvaient pas les arrêter. Souvent ils leur laissaient tout en proie : biens agricoles, habitations, maisons, animaux domestiques, leurs Cités même.

Et puis des hommes se sont levés, se sont organisés, se sont formés, se sont équipés et ont décidé que ces monstres ravageurs ne pouvaient continuer ainsi, qu’il fallait les combattre, les terrasser, les anéantir !

En France, ces hommes sont en premier lieu les sapeurs-pompiers volontaires et professionnels de notre pays, avec les pompiers-forestiers, les marins-pompiers, les militaires de la sécurité civile, les pompiers de l’air du groupement aérien, et en auxiliaire les militaires, les membres des associations, les scouts, la population qui participent à cette lutte à titre divers.
Il y a les équipages des bombardiers d’eau, les combattants au sol, et ceux qui coordonnent le tout ! Le tout, c’est parfois plusieurs dizaines de départs-feux dans une même journée, car cet ennemi sait attaquer partout à la fois. Il faut savoir s’organiser. Le Sud-Ouest avait créé après guerre, la défense des forêts contre l’incendie dans les landes de Guyane et Gascogne (DFCI). Le Sud-Est à, dans les années 70, créé l’Entente, emblématiquement installée à Valabre, avec l’école d’application de sécurité civile (ECASC) destinée à former des spécialistes de la lutte contre les feux de forêt. Aujourd’hui, on s’organise à l’échelle de l’Europe pour se prêter main forte d’un pays à l’autre.
Il y a les méthodes qui varient, qui essaient toujours de conjuguer rapidité et efficacité des moyens. Attaquer massivement le foyer à naissance sans lésiner sur les moyens, pour l’étouffer dans l’œuf. Il y a bien sur les lignes d’arrêt, les attaques de flanc, les audacieux contre feux. Il y a surtout le ballet aussi efficace que vulnérable, aussi magique que périlleux, aussi apaisant qu’apeurant des bombardiers d’eau, avec leurs équipages expérimentés, aguerries, courageux, risquant leurs vies à chaque largage d’eau et produits mouillants.
On fixe le feu, on le circonscrit, on l’éteint et on le surveille. Ces hommes sont devenus très efficaces. Cette efficacité ils l'ont payée d'un lourd tribut de vies. 82 morts à Saucats fin août 1949, des dizaines et des dizaines de pompiers morts au feu dans le Sud-Est (encore deux cette année !) plusieurs dizaines de pilotes et copilotes des bombardiers d’eau.
Et la meilleure des efficacités c’est la prévention. On veille, on guette, on traque, on localise par triangulation, on  appelle les secours au moindre doute. Des hommes en haut de pylônes dans la forêt girondine ou lot et garonnaise, un système de visée à infrarouge automatique dans la forêt landaise, les patrouilles, les colonnes préventives, le guet aérien dans la forêt méditerranéenne. Et puis aussi le renforcement de la règlementation sur les permis de construire, sur les débroussaillages, la proscription de l’utilisateur de toute source de feux : cigarettes, barbecue, écobuage non autorisés et non contrôlés, le renforcement pénal de la répression aussi à l’encontre des imprudents… et des pyromanes.
Des 80 000 hectares des gigantesques incendies landais, des 120 000 hectares des campagnes de feux de forêt dans le sud-est des années 70, 80, 90 et même jusqu’en 2003, on est passé à quelques milliers d’hectares de brulés ces dernières années ! Uniquement quelques milliers d’hectares !
Oh rien n’est acquis, la catastrophe peut resurgir d’un moment à l’autre ! Il ne faut pas baisser la garde, ni en veille, ni en formation, ni en organisation, ni en matériel, ni en bombardiers d’eau ou laisser le doute qu'on le ferait s’immiscer dans les esprits ! C’est la supplication des hommes du terrain, des sapeurs-pompiers professionnels et volontaires de notre pays, des combattants précités, des citoyens engagés à leurs dirigeants, à leur Etat. Pour que vivent nos forêts, pour que vivent nos paysages, pour que vivent les hommes dans ces environnements superbes, pour que vive notre civilisation.
Pour que vive la vie !

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