La mythologie grecque rapporte qu’un
Titan, Prométhée, après avoir créé l’homme d’eau et d’argile, déroba le feu aux
Dieux de l’Olympe et le donna aux hommes, ses créatures.
Zeus, furieux, punit Prométhée à
être enchaîné sur le mont Caucase où un aigle venait, tous les jours, lui
dévorer le foie, ce qui lui provoquait des souffrances atroces. En effet, Zeus,
dieu de la foudre, gardait le feu comme une arme –ne lui avait-elle pas permis
de vaincre les Géants et les Titans ?- pour terroriser et tuer ses ennemis
et garder ainsi le pouvoir sur tout l’Univers.
Mais il était trop tard l’homme
avait le feu et put l’apprivoiser pour s’en servir.
La dramaturgie de la symbolique
du feu était posée : le feu est la pire ou la meilleure des choses. Celle
qui punit, tue, dévore, ou au contraire celle qui, domestiquée, apporte ses
bienfaits : la lumière, la chaleur, la cuisson, la fusion etc.
Ce drame s’est noué dans la nuit
des temps de l’Humanité, bien après qu’une boule de matière incandescente,
partie de l’Univers, se fût éteinte petit à petit pour devenir notre Terre.
Il y avait quatre éléments,
diront les présocratiques, école de philosophie grecque : l’Air, la Terre,
l’Eau et le Feu. Et l’Homme, l’homme fuyant, terrorisé par les feux de forêt
provoqués par la foudre ou les éruptions volcaniques. L’homme qui s’aperçoit
très vite des bienfaits de la domestication du feu : la protection, la
nuit, contre les animaux sauvages, la protection contre les froids des glaciations,
la conservation et la saveur des viandes cuites. Le feu devint enjeu de
pouvoir, voire de guerre, même si le célébrissime film de Jean-Jacques Annaud
« la guerre du feu », ne constitue pas une vérité (préhistorique)
avérée.
Ce qui est certain, c’est
qu’entre ce feu domestiqué pour servir, adorer, purifier, et le feu qui naît spontanément ou se rebelle, en
s’évadant, contre le joug de l’Homme, l’allégorie se poursuit depuis des
millions d’années :
Feux des solstices d’été pour
Bélem et Gorgon, dieux du soleil, allumés sur les mégalithes du
Néolithique ; feu dévorateur des nouveau-nés offerts à Baal ; feu sacrificiel
des victimes pour l’Inca ; feu purificateur des bûchers de l’Inquisition
ou celui plein de malédiction de Philippe Le Bel, suppliciant Jacques De
Morlay, le grand maître des templiers, feu de la Chandeleur, feux dévastateurs
de Rome en 64, de Londres en 1666, de Rennes en 1735 ; feux des
naufrageurs ; feux criminels avec leurs auteurs fusillés sur place pendant
les ères napoléoniennes ; feu de phosphore embrasant le Rhin pour empêcher
l’avance des armées alliées ; feux horrifiques de Hiroshima et
Nagasaki ; feu terroriste des Twin Towers ; feu meurtrier des 85
morts des forêts de Saucats, feu en tempêtes à Dresdes ou Yellowstone ;
Mais aussi : feu du bronze,
de la sidérurgie, de l’industrie ; feux joyeux réconfortants chaleureux de
la convivialité autour des cheminées ; feu des phares guidant le
navigateur des mers et des océans et les plus beaux, les plus somptueux les
plus populaires : les feux d’artifices… du 14 juillet plutôt quez ceux de
Versailles.
Et dans tout ça l’Homme.
L’Homme fasciné, parfois jusqu’à
la pyromanie ; l’homme voulant s’accaparer le feu, comme Zeus, pour
exprimer sa puissance, conquérir le monde, égaler les Dieux.
Mais surtout les pompiers, quelques uns peut-être
fascinés (l’huile sur le feu de René Bazin) d’autres dompteurs comme Héphaistos
mais tous combattants, guerriers solidaires et courageux (comme c’est effrayant,
avec son bruit de tambour, l’attente de l’arrivée d’un feu de forêt !) aux
bouilles de mineurs, aux vestons fumants, aux visages creusés, aux corps
harassés qui ne se prennent pas pour des héros, mais tout simplement pour ceux
qui font leur devoir, vainquent le feu, et qui repartent joyeux, moqueurs,
indifférents, ravalant le feu à
l’Ecume du Jour ! SACRILEGES !!!!!
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