1882-2012 : 130 ans aux côtés des sapeurs-pompiers !

A l'occasion de ses 130 années d'existence, la Fédération nationale des sapeurs-pompiers de France vous invite à (re)découvrir les concepts et moments clés qui l'ont façonnée, et font d'elle aujourd'hui encore le socle toujours plus vivant pour tous les sapeurs-pompiers. Chaque jour de la semaine, un fait marquant de son histoire vous est proposé.

vendredi 20 juillet 2012

[20 JUILLET 2011 : UNE AVANCEE HISTORIQUE]




La loi du 20 juillet 2011 : une idée fédérale suivie jusqu’au bout !

L’idée murissait au sein des instances fédérales depuis plusieurs années : comment réagir sur l’avis du Conseil d’Etat de 1993 qui assimilait le volontariat à une sorte de semi-professionnalisme à temps partiel.
Cet avis était redoutable, car il portait en germe deux dangers rédhibitoires pour l’avenir du volontariat :

-         La fiscalisation des vacations, considérées comme une niche fiscale par Bercy, puisque ces vacations pouvaient être considérées comme des salaires.
-    L’application de la directive européenne sur le cumul du temps de travail (pas plus de 48 h par semaine pour le travail et les activités de sapeur-pompier cumulés et le respect d’un temps de repos de 11 h après et avant le travail sans activité de sapeur-pompier)

L’idée de la loi surgit au cours d’une conversation dans un bistrot parisien où le président Richard Vignon et son secrétaire général de l’époque buvaient un café avant de rencontrer le conseiller du Président de la République, en juin 2007. Il fallait légiférer pour donner un statut au volontariat, un statut propre, en quelque sorte donner un sens juridique à ce  terme « Volontaires » employé depuis la dernière partie du XVIIIe siècle et qui n’avait jamais eu jusque là, une signification autre que celle de désigner l’engagement citoyen dans des services au profit de la Nation. Quelques lignes furent écrites. C’étaient les prémices de la loi.

L’idée séduit immédiatement les pouvoirs publics et les sapeurs-pompiers. Dès sa venue à Clermont-Ferrand, en 2007, le Président de la République annonça le projet éventuel d’une loi sur le volontariat et demanda à son ministre de l’Intérieur Mme Alliot-Marie d’en étudier la faisabilité.

C’était un travail de longue haleine, faisant toujours partie des priorités fédérales mais des sujets importants mobilisaient le devant de la scène tels que  le secours à personne en 2008. Au congrès de Rennes en 2008,  Mme Alliot-Marie évoqua dans son discours des mesures urgentes à prendre en faveur du volontariat et la convocation d’une réunion de fond : la commission ambition volontariat.
Celle-ci fut confiée à M. Luc Ferry et fit l’objet avec les sapeurs-pompiers de France notamment d’une importante concertation.

Le rapport de M. Ferry présenté au nouveau ministre de l’Intérieur M. Brice Hortefeux, en septembre 2009, comportait, en chapeau , avant même l’introduction, l’absolue exigence du vote d’une loi pour définir le volontariat. Les grandes lignes étaient tracées. M. Hortefeux en retint l’idée.
Mais dès octobre 2010, Il apparut qu’un projet de loi, présenté par le gouvernement n’avait que peu de chance d’être étudié avant la fin de la législature.

Le Président de la Fédération Richard Vignon eut l’idée lumineuse de demander à M. Morel A l’Huissier, député de la Lozère, proche des sapeurs-pompiers, de faire une proposition de loi au parlement, comme la constitution l’y autorisait, et de pouvoir par cet acte de bonne intention en faveur des sapeurs-pompiers et de grande considération à leur égard de faire examiner un texte de loi avant la fin de l’année 2011.
Le Président de la République accorda son soutien et celui de son gouvernement à cette proposition. Sous l’autorité de M. Morel a l’Huissier, la Direction de la sécurité civile, l’Association des Départements de France, l’Association des Directeurs et la Fédération Nationale des Sapeurs-Pompiers de France se réunirent intensément pour préparer et écrire la proposition de loi. Le  texte fut stabilisé au printemps 2011. Outre la qualification juridique du volontariat, avec ses devoirs, ses droits, sa représentation naturelle par le réseau associatif de tous les sapeurs-pompiers de France, le texte était assorti de dispositions juridiques et sociales, importantes qui n’avaient pas été prises depuis longtemps faute d’un corpus législatif pour les soutenir (atténuation de la responsabilité pénale des sapeurs-pompiers en intervention ; amélioration de la loi de protection sociale, amélioration des dispositions d’allocations de fin d’activités ;incitations à une plus grande disponibilité des sapeurs-pompiers volontaires etc ..)

M Morel A l’Huissier décida de recueillir l’avis du Conseil d’Etat sur cette proposition de loi. Il proposa aux élus et aux spécialistes juridiques de la Fédération, qui en avaient été les principaux instigateurs, de l’accompagner.

Ce fut une grande première pour notre Fédération et la tâche était délicate : faire revenir le Conseil d’Etat sur un avis qu’il avait porté dix huit ans auparavant. Et ce fut un succès pour la délégation conduite par Richard Vignon et Eric Faure.

Restaient à trouver les dates d’examen de la proposition de loi, au Parlement . Si la date du 31 mai à l’Assemblée Nationale ne présenta pas trop de difficultés, en revanche les talents du président Vignon furent mis à rude épreuve pour trouver une date au Sénat. C’est à la demande du président de la République que M. Larcher le président du Sénat décida de l’examen de la proposition au mois de juillet.

Cependant le président Vignon avait une ambition : faire voter cette loi à l’unanimité du parlement. Il considérait que c’était un geste fort à l’égard de l’Europe pour montrer l’attachement des français à leur modèle des secours, reposant sur un engagement de la Nation et aussi pour montrer la reconnaissance de la représentation nationale à l’égard du service rendu à la Nation par les sapeurs-pompiers de France.

Il eut cependant fort à faire car une disposition de la proposition de loi était loin de réunir l’unanimité de tous les élus. C'était l’extension  possible de l’allocation de fidélité à tous les sapeurs-pompiers bénéficiaires de l’allocation de vétérance (une valorisation substantielle demandée par la commission des anciens du président d’honneur Daniel Ory).

Le président Richard Vignon se fit un point d’honneur d’obtenir cette mesure de justice sociale à l’égard des anciens. Il y mit tout son cœur… et une habilité politique consommée. Il sut parfaitement exploiter les ressorts de la dramaturgie : courriels mal dirigés, entrevues secrètes éventées, promesses mal tenues, divergence entre élus etc…

En dépit, de positions rudes de certains sénateurs, le même texte fut votée à l’unanimité par les deux chambres, en première lecture, en dépit de l’abstention des groupes communistes à l’Assemblée nationale et au Sénat et de quelques sénateurs isolés.

Le pari était gagné ! 4 ans de travaux. Les pompiers avaient un dispositif juridique et social renforcé, les vétérans une allocation revalorisée et les sapeurs-pompiers volontaires un statut à la taille de leur dévouement ! Les idées des sapeurs-pompiers de la base étaient coulées dans l’airain de la loi républicaine, pour l’intérêt général !

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