1882-2012 : 130 ans aux côtés des sapeurs-pompiers !

A l'occasion de ses 130 années d'existence, la Fédération nationale des sapeurs-pompiers de France vous invite à (re)découvrir les concepts et moments clés qui l'ont façonnée, et font d'elle aujourd'hui encore le socle toujours plus vivant pour tous les sapeurs-pompiers. Chaque jour de la semaine, un fait marquant de son histoire vous est proposé.

mardi 5 juin 2012

[ 1885 : LA FNSPF AUX FUNÉRAILLES DE VICTOR HUGO ]



Le 1er juin 1885, la Fédération participe à l’« apothéose » de Victor Hugo !

Victor Hugo meurt le 22 mai 1885. Il avait dit en 1851 qu’il ne reviendrait à Paris qu’avec la République  avant de partir en exil, et il avait tenu  parole. Il jouissait d’une immense popularité  pour n’avoir jamais cédé à un retour en France pendant les dix-neuf années de l’empire. Il  était devenu le grand-père de tous les Français, emblème vivant de la République laïque, entré par la mort dans l’Immortalité, dont vivant, il avait déjà goûté aux prémices. « Plus extraordinaire que grand… non seulement un génie mais aussi un phénomène » dira Edmond Schérer. 
Victor Hugo voulut le corbillard des pauvres et ne consentit à aucune oraison d’aucune religion. L’assemblée nationale vota une loi pour lui faire des funérailles nationales. Elle émit un décret pour désacraliser le Panthéon que Napoléon  III avait transformé en église et pouvoir ainsi y inhumer Victor Hugo. C’était à quelques semaines des élections générales, une façon pour la gauche républicaine et modérée au pouvoir, de se démarquer de la droite royaliste et catholique. Cependant le cortège ne passerait  pour aller de l’Arc de Triomphe au Panthéon que par les artères nobles (Champs Elysées, Concorde, Boulevard Saint-Germain) pour éviter les quartiers plébéiens favorables à la Commune dont les évènements sanglants ne dataient que de quatorze ans. Il fallait éviter des émeutes, notamment parce que certains communards ou leurs veuves reprochaient à Victor Hugo « qu’il se soit permis de censurer leurs méfaits avant d’épouser leur martyre » (J.F. Kahn)

Entre 1 et 2 millions de personnes se pressèrent sur le passage du corbillard en criant « Vive Victor Hugo ! ». Les hautes personnalités de l’Etat dont « la maison du président de la République », tout le monde de la culture française et internationale et plus de 2000 délégations suivirent le cortège. Parmi ces dernières, il y avait de nombreuses délégations de corps de sapeurs-pompiers et aussi une délégation imposante de la  Jeune Fédération des Sapeurs-Pompiers. C’était la première manifestation nationale à laquelle elle se rendait. Une façon de se faire reconnaître et de participer à ce moment  que certains prirent pour un grand moment de communion nationale et d’autre pour une bacchanale effrénée, notamment pendant la nuit où le catafalque fût exposé sous l’Arc de Triomphe et une sorte de cohue carnavalesque  pendant le cortège.

Que l’on soit dans la ferveur d’une religion laïque ou dans l’outrance fellinienne, la présence de la Fédération est bien symptomatique non seulement de l’époque où elle a été créée, mais aussi et surtout de la culture des sapeurs-pompiers. Ceux-ci sont issus de la Nation, porte les valeurs de la Nation -sous la forme d’ailleurs de la garde nationale jusqu’en 1872 !-  Ils ont traversé tous les régimes : la monarchie constitutionnelle, trois Républiques (en 1882), deux empires, une restauration, une monarchie orléaniste, mais sont restés fidèles aux valeurs révolutionnaires, qui ne sont pas nécessairement républicaines, du mouvement des Fédérations en 1789. Leur participation aux obsèques d’une personnalité aussi syncrétique que le fut Victor Hugo (bonapartiste, puis pair de France de Charles X , et catholique, puis orléaniste, puis figure emblématique de la République laïque) est certes une volition de s’inscrire dans l’adaptation permanente de la société  avec laquelle ils sont en osmose , mais aussi d’être en plein accord avec soi-même, profondément fidèles à ce qu’ils sont  et ce que nous sommes toujours, non pas forcément par tradition, mais par essence  tant que notre engagement est citoyen. Nous sommes un des bras armés de la Nation immanente auquel la République donne un sens à l’action : celui de la modernité, c'est-à-dire d’un humanisme progressant. 

Universalité, Equité, Modernité voilà la triple signification de la participation de la Fédération au cortège funèbre de Victor Hugo !

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