1882-2012 : 130 ans aux côtés des sapeurs-pompiers !

A l'occasion de ses 130 années d'existence, la Fédération nationale des sapeurs-pompiers de France vous invite à (re)découvrir les concepts et moments clés qui l'ont façonnée, et font d'elle aujourd'hui encore le socle toujours plus vivant pour tous les sapeurs-pompiers. Chaque jour de la semaine, un fait marquant de son histoire vous est proposé.

mardi 21 août 2012

[ HISTOIRE DES CMIC ]


Les cellules mobiles d’interventions chimiques


La forte période de croissance et de développement économique et industriel des années 50 à 70 s’est accompagnée de plusieurs accidents industriels majeurs. Les catastrophes de Feysin (1966), Seveso (1976) ou de l’Amoco Cadiz (1978) ont marqué les consciences par leurs bilan humain et environnementaux. Elles ont également fait émerger la notion de risques majeurs et fait naître la réglementation sur les risques industriels. 
Parallèlement, les pouvoirs publics engageaient une réflexion sur la mise en place de nouveaux dispositifs nationaux d’intervention capables d’apporter une réponse de sécurité civile adaptée.
Ainsi, le premier dispositif d’intervention mis en place concernait le risque radiologique civil. Issu des réflexions et propositions faites par le groupe de travail, piloté par la Direction de la Sécurité Civile, dit « groupe de Metz », ce dispositif spécifique fut institué par la circulaire du 04 décembre 1980.

Le 25 septembre 1984, le Préfet Henri ROUANET, Directeur de la sécurité civile, organisait et présidait une réunion de travail ayant pour objet de réfléchir à la mise en place d’un dispositif national d’intervention face aux risques chimiques.

Cette réflexion s’appuyait sur l’actualité du moment en matière d’accidents chimiques et s’inscrivait dans une démarche de sécurisation et de réponse opérationnelle préconisée, tant au niveau européen par la directive d’août 1982 dite « SEVESO », qu’au niveau national par la directive du Premier ministre précisant la politique générale à mettre en œuvre pour la protection des populations en temps de crise.

Les objectifs du Préfet visaient à, refondre les plans ORSEC-TOX et ORSEC Hydrocarbures, dans un cadre interministériel et dans la continuité de l’évolution du plan ORSEC-RAD, à développer un système automatisé de transmission de l’alerte (STAR), à élaborer un fichier informatisé des produits toxiques dont 600 étaient déjà mise en place au centre opérationnel - CODISC. Parallèlement, une convention dite ASITEST permettant l’accès des « opérationnels de la sécurité civile » à une banque de données informatisées alimentée par les scientifiques de l’hôpital Fernand VIDAL devait également être signée.

Sur le plan de la formation, des actions au profit des sapeurs-pompiers sur les matières dangereuses allaient être développées.

L’ensemble de cette démarche était concertée au niveau interministériel et s’appuyait sur une collaboration entre l’Etat, les industriels concernés et les collectivités locales.

Ce dispositif devant permettre de disposer, sur l’ensemble du territoire national, d’outils rapides d’intervention, adaptés aux principales zones à risques, capables de détecter des produits dangereux, de les identifier et de prendre des mesures conservatoires. A l’instar du risque radiologique, cette mission serait confiée aux sapeurs-pompiers.

Dans le même temps, à l’échelon national, une assistance technique aux intervenants, faisant appel aux spécialistes les mieux placés dans le domaine visé, devait être organisée.

Fort de ces objectifs et en conclusion de cette réunion, le Préfet ROUANET décide la création de 2 groupes de travail. L’un, dit « groupe d’Angers » sous l’autorité du Col GAUTIER, DDSIS du Maine et Loire, chargé de proposer l’organisation du dispositif national, la doctrine d’emploi, les moyens nécessaires et les coûts estimatifs. Le second sous la responsabilité du pharmacien Canonne, chimiste principal du SGDN, chargé d’examiner l’articulation entre les moyens d’expertise, les moyens techniques et les unités territoriales.
Ainsi, le 9 mai 1985, le Colonel SIBUE, Président de la Fédération Nationale des Sapeurs-Pompiers de France, remettait des propositions au Directeur de la Sécurité Civile.

Le dispositif proposé reposait sur 3 niveaux territoriaux :
- Des cellules de reconnaissance, 5 à 10 par département en fonction des besoins opérationnels, de la cartographie des risques. Implantées au sein des centres de secours principaux, elles se voulaient légères, rapidement mobilisables et capable de répondre aux premiers impératifs dictés par l’urgence de la situation.
- Des cellules d’identification, implantées au chef-lieu de département et dotée de moyens plus complets et plus spécialisés capables d’affiner les résultats fournis par les premières observations de terrain et d’évaluer les conséquences prévisibles de l’évènement et de proposer toutes actions utiles au commandement et à la direction des secours.
- Au niveau des centres de coordination zonaux, des cellules spécialisées, équipées de spectromètre de masse embarquable, type MM1 de chez Bruker devaient être créé.

La dotation en matériel type par unité, avec étude technique et estimation financière, fixaient, à titre d’exemple 50 000 Francs pour une cellule de reconnaissance, 140 000 F pour une cellule Identification et 1 million de francs pour une cellule Spécialisée.

Le groupe d’Angers proposait également un cursus de formation sur 3 niveaux, initiation, certificat, brevet.
A l’issue de la réunion de présentation, la commission fut chargée d’élaborer les documents pédagogiques de formation.

Les propositions du groupe serviront de base à l’élaboration de la circulaire du 14 mai 1986 qui institue le dispositif réglementaire et crée officiellement les Cellules Mobiles d’Intervention Chimiques.
- Les missions générales des CMIC
- L’organisation opérationnelle (le niveau Spécialisé est abandonné)
- L’implantation de 15 unités (Paris, Marseille, Rhône, Gironde, Haute-Garonne, Isère, Nord, Seine-Maritime, Loire Atlantique, Maine et Loire, Bas Rhin, Moselle, Pas de Calais, Côte d’or, Seine et Marne)
- Les dispositions financières et le partenariat avec les collectivités locales,
- Les modalités de l’aide technique nationale.

Dans un second temps, la circulaire NOR INT E 87-C, du 2 avril 1987 est venue préciser l’enseignement de l’intervention face au risque chimique.

En 1992, on dénombrait 56 CMIC soit 50% du territoire couvert.
L’enseignement du risque chimique au sein de la profession suivra les évolutions de la formation des sapeurs-pompiers et sera modernisée en 1994 et 1997.

De son côté, la Fédération créait la sous-commission des risques technologiques et naturels qui réalisera et publiera plusieurs ouvrage de formation à l’usage des sapeurs-pompiers, dont le légendaire CMICOSCOPE et les 2 versions du guide d’intervention face aux risques chimiques.

En mars 2006, le guide national de référence « risques chimiques et biologiques » modifie l’organisation de la spécialité en créant des équipes de reconnaissance et des équipes d’intervention, associant le risque biologique au risque chimique. Le GNR a également précisé, dans un seul et même document le cadre juridique et les modalités opérationnelles.

Depuis leur création les unités risques chimiques des sapeurs-pompiers n’ont jamais cessé de s’adapter aux risques nouveaux.

Ainsi, les attentats de Tokyo en 1995, le World Trade Center en 2001, puis des enveloppes au charbon, ont fait émerger la notion de menace NRBC à grande échelle.

Fin 2001, une loi de finance modificative est venue renforcer la politique de l’Etat en matière de risque NRBC. Les premières chaînes de décontamination étaient mises à disposition en 2003.

En 2008, le Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale proposait, d’augmenter les capacités de décontamination (UMD), de créer des moyens mobiles de détection et d’identification (VDIP), et de créer un centre commun d’entrainement civilo-miltaire de formation et d’entrainement NRBCE.

Aujourd’hui après près de 30 ans d’existence, les CMIC rassemblent près de 20 000 sapeurs-pompiers formés sur l’ensemble du territoire, 80 chaines de décontamination, et plusieurs véhicules de détection dont la dotation est actuellement en cours. Suivant cette évolution, notre fédération prépare la publication de 3 nouveaux ouvrages consacrés aux risques NRBC dont un radoscope qui pourra être commandé pour notre prochain congrès.

BF

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