Ce sont des monstres ! Dévorateurs de vies humaines, animales, végétales, dévorateurs de maisons, dévorateurs de
Ils sont partout : le bassin
méditerranéen, l’Espagne, la
Grèce , l’Italie, la Croatie , l’Albanie, la Côte d’Azur, la Provence , le Languedoc,
le Roussillon, la Corse ,
la Côte Atlantique :
Portugal, Aquitaine, Bretagne ; les Etats-Unis (la Californie ), le Canada,
l’Australie, la Russie ,
la Mongolie
et combien d’autres.
Ils sont trompeurs, pervers. Ils
se calment, ils s’abattent, mais ils couvent et endorment leurs combattants
pour repartir de plus belle au moindre coup de vent qui attise les braises, ou
après les avoir contournés en passant par-dessous dans la couche d’humus ou de
tourbe.
Ils sont la terreur à l’état pur,
la terreur de tout temps à jamais de l’Humanité. Depuis l’aube de leur
existence, les hommes les ont toujours fuis pour leur échapper, parce qu’ils ne
pouvaient pas les arrêter. Souvent ils leur laissaient tout en proie :
biens agricoles, habitations, maisons, animaux domestiques, leurs Cités même.
Et puis des hommes se sont levés,
se sont organisés, se sont formés, se sont équipés et ont décidé que ces
monstres ravageurs ne pouvaient continuer ainsi, qu’il fallait les combattre,
les terrasser, les anéantir !
En France, ces hommes sont en
premier lieu les sapeurs-pompiers volontaires et professionnels de notre pays, avec les pompiers-forestiers, les
marins-pompiers, les militaires de la sécurité civile, les pompiers
de l’air du groupement aérien, et en auxiliaire les militaires, les membres des associations,
les scouts, la population qui participent à cette lutte à titre divers.
Il y a les équipages des
bombardiers d’eau, les combattants au sol, et ceux qui coordonnent le
tout ! Le tout, c’est parfois plusieurs dizaines de départs-feux dans une
même journée, car cet ennemi sait attaquer partout à la fois. Il faut savoir
s’organiser. Le Sud-Ouest avait créé après guerre, la défense des forêts contre
l’incendie dans les landes de Guyane et Gascogne (DFCI). Le Sud-Est à, dans les
années 70, créé l’Entente, emblématiquement installée à Valabre, avec l’école
d’application de sécurité civile (ECASC) destinée à former des spécialistes de
la lutte contre les feux de forêt. Aujourd’hui, on s’organise à l’échelle de
l’Europe pour se prêter main forte d’un pays à l’autre.
Il y a les méthodes qui varient,
qui essaient toujours de conjuguer rapidité et efficacité des moyens. Attaquer
massivement le foyer à naissance sans lésiner sur les moyens, pour l’étouffer
dans l’œuf. Il y a bien sur les lignes d’arrêt, les attaques de flanc, les
audacieux contre feux. Il y a surtout le ballet aussi efficace que vulnérable,
aussi magique que périlleux, aussi apaisant qu’apeurant des bombardiers d’eau,
avec leurs équipages expérimentés, aguerries, courageux, risquant leurs vies à
chaque largage d’eau et produits mouillants.
On fixe le feu, on le
circonscrit, on l’éteint et on le surveille. Ces hommes sont devenus très efficaces. Cette efficacité ils l'ont payée d'un lourd
tribut de vies. 82 morts à Saucats fin août 1949, des dizaines et des
dizaines de pompiers morts au feu dans le Sud-Est (encore deux cette année !)
plusieurs dizaines de pilotes et copilotes des bombardiers d’eau.
Et la meilleure des efficacités
c’est la prévention. On veille, on guette, on traque, on localise par triangulation, on appelle les secours au moindre doute. Des hommes en haut de pylônes dans
la forêt girondine ou lot et garonnaise, un système de visée à infrarouge
automatique dans la forêt landaise, les patrouilles, les colonnes préventives,
le guet aérien dans la forêt méditerranéenne. Et puis aussi le renforcement de
la règlementation sur les permis de construire, sur les débroussaillages, la
proscription de l’utilisateur de toute source de feux : cigarettes,
barbecue, écobuage non autorisés et non contrôlés, le renforcement pénal de la
répression aussi à l’encontre des imprudents… et des pyromanes.
Des 80 000 hectares
des gigantesques incendies landais, des 120 000 hectares
des campagnes de feux de forêt dans le sud-est des années 70, 80, 90 et même
jusqu’en 2003, on est passé à quelques milliers d’hectares de brulés ces
dernières années ! Uniquement quelques milliers d’hectares !
Oh rien n’est acquis, la
catastrophe peut resurgir d’un moment à l’autre ! Il ne faut pas baisser
la garde, ni en veille, ni en formation, ni en organisation, ni en matériel, ni
en bombardiers d’eau ou laisser le doute qu'on le ferait s’immiscer dans les esprits ! C’est la supplication des hommes du terrain, des
sapeurs-pompiers professionnels et volontaires de notre pays, des combattants précités, des citoyens engagés à leurs
dirigeants, à leur Etat. Pour que vivent nos forêts, pour que vivent nos
paysages, pour que vivent les hommes dans ces environnements superbes, pour que
vive notre civilisation.
Pour que
vive la vie !
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