Les sapeurs-pompiers sans eau,
ce serait comme des gendarmes sans arme ou des paysans sans terres !
A remarquer d’ailleurs que les
combattants du feu s’appellent sapeurs-pompiers, ce qui montre bien que la
lutte, la protection contre le feu ne laisse aucun doute sur l’engagement des
sapeurs-pompiers. La fascination que le
feu exercerait sur l’Homme et que le vocable de « soldat du
feu » pourrait évoquer n’a rien à voir avec leur tâche et ils l’affirment,
par leur nom, sans aucune équivoque.
L’eau est l’agent extincteur, par
excellence, non pas rappelons-le parce qu’elle aurait une quelconque vertu
chimique ou spirituelle sur les flammes, mais beaucoup plus prosaïquement parce
qu’elle fait tomber la température du feu au-dessous du seuil duquel il ne peut
plus exister.
Alors l’Eau depuis que les
pompiers sont pompiers constitue l’objet de leur Quête !
Elle porte un nom magique, chez
les Sapeurs-Pompiers : « l’ALIMENTATION ». C’est une donnée du
terrain.
Les sapeurs-pompiers sont
d’abord à la recherche de sources d’alimentation : les eaux dormantes
(mares, abreuvoir, étang, bassins d’eau de mer, réserves d’incendie, bâches à
eau etc) les eaux vives (rivières) les eaux fermées dans des réseaux maillés. Les sapeurs-pompiers bénéficient
d’une priorité absolue et d’un droit de réquisition immanent des sources d’eau.
Mais combien de polémiques pour utiliser un réseau de lavage des rues ou
surtout un réseau d’eau potable, car ils sont toujours considérés comme des
squatters ! Sauf en Alsace et lorraine où quelques villes disposent d’un
réseau incendie exclusivement réservé à cet usage. Les fameux poteaux ou les
fameuses bouches d’incendie sont généralement implantées sur les réseaux des
régies ou des fermiers d’eau potable et ce que l’on pardonne quand il y a un
feu, se termine en fâcheries quand un essai de poteau ou de bouche provoque un
« coup de bélier » dans les tuyauteries et pollue l’eau de boisson ou
salit le linge de la ménagère !
Quand on dispose des sources
d’eau, il faut ensuite les répertorier. C’est un des travaux essentiels,
certainement le premier et le plus important de ce que l’on appelle « la prévision ». Tous les
plans de secteurs de
sapeurs-pompiers (les plans de rue) comportent la mention des
« hydrants » c'est-à-dire les sources d’alimentation naturelles avec
leur volume, les lieux où l’on peut puiser l’eau sans crainte de
« cavitation » (le creux que fait le tourbillon d’eau aspirée, qui
désamorce la pompe) et les poteaux et bouches d’incendie avec leur débit et
pression. Il y a dans tout plan répertorié (des plans préétablis pour être
efficace en cas d’intervention dans des établissements industriels ou recevant
du public, importants) un plan d’alimentation en eau.
Les engins des sapeurs-pompiers
pour feux sont tous équipés de pompes pour pouvoir être alimentés et fournir
l’eau nécessaire à l’extinction. Dans les zones rurales la moto-pompe (une
pompe simple sur affût roulant) que l’on peut mettre dans des endroits
impraticables pour les autres engins-pompes est toujours de vigueur. Tous les
engins d’incendie ont aujourd’hui une tonne (réserve d’eau transportée par le
camion) qui assure une alimentation immédiate des lances dans l’attente d’une
alimentation sur un hydrant. D’autres engins sont enfin des porteurs d’eau dans
les endroits totalement démunis de possibilité d’alimentation. On les appelle
des « citernes » et assure l’alimentation des engins par rotations.
Toute la pratique des sapeurs-pompiers,
tout leur savoir-faire gravite autour de cette alimentation. Les équipes sont
organisées en conséquence avec le binôme (équipe de deux) chargé des sauvetages
d’urgence, celui chargé de l’attaque du feu et celui chargé de l’alimentation
en eau. Le chef d’agrés quand il part au feu indique, dans le fourgon, aux
pompiers chargés de l’alimentation où ils trouveront le point d’eau à
exploiter. Arrivés sur place, les pompiers procèderont à
« l’établissement », c'est-à-dire dérouleront les tuyaux depuis la
lance qui se trouve au point d’attaque (du feu) jusqu’ à la pompe que l’on a
mise à immédiate proximité de l’hydrant (parfois plusieurs centaines de mètres
de tuyaux) et brancheront enfin la pompe
sur l’hydrant par la manche (poteau d’incendie) ou l’aspiro (tuyau rigide pour
aspirer l’eau dans une réserve). Une bonne alimentation est absolument
nécessaire pour éteindre un feu. Un défaut d’alimentation est souvent prémices à une extinction difficile et à
contestations.
Et puis
« l’alimentation » de temps en temps devient la théorie
de « l’Hydraulique ». Le froid calcul qui remplace la magie.
Tous les sous-officiers et sous-officiers ont eu des cours d’hydraulique pour
savoir comment bien alimenter leurs engins, où les placer, choisir le diamètre
du tuyau ou de la lance, évaluer en fonction de la situation les quantités
d’eau disponibles, combien de temps elles dureront, combien d’engins seront
nécessaires pour conduire l’opération etc. Tous les concours ou examens de
grades comportent un problème d’ »’hydraulique ». Autrefois il
s’agissait même de l’épreuve-reine du concours ou de l’examen. Depuis la
théorie a beaucoup changé, mais cette préoccupation de bien connaître l’hydraulique
demeure une constante de l’activité de sapeur-pompier.
L’eau est source de vie, l’eau
est vitale et elle est indispensable aux sapeurs-pompiers, mais depuis
plusieurs années ceux-ci ont compris qu’il s’agissait d’un bien précieux, rare
que l’on ne peut plus utiliser sans maitrise. Alors depuis longtemps déjà les pompiers
ont mis en place un apprentissage, des techniques, des pratiques pour ne pas
gaspiller l’eau, n’utiliser que ce qui est indispensable à leur extinction, la
transformer (adjonction de produits dits « mouillants ») pour la
rendre plus efficace, la récupérer pour la réutiliser après filtrage. Les
pompiers, empreints de sagesse populaire, montrent l’exemple une fois de plus
de la Modernité
qui émane naturellement de la
Nation et précède très souvent les directives de l’Elite.
Est-ce que tous les décrets de la loi sur l’Eau de 1992 (et de 2006) sont-ils
parus ? Non malheureusement. Les pompiers, eux, n’ont pas besoin de décret
pour s’imposer une discipline républicaine ! En cela comme en d’autres ils
sont d’extraordinaires praticiens du Développement Durable !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire