Quand l’adjectif naît avant le nom… C’est le cas pour ce mot. Du latin urgens (verbe urgere, « pousser », « presser »), urgent(e) fut attesté en français dès 1340. S’ensuivit seulement en 1572 l’apparition de urgence.
Les deux avec une connotation essentiellement médicale (La saignée était-elle urgente ? Ce pouvait être une urgence). En fait, ce ne fut qu’au XIXe siècle que le terme, sans quitter le domaine des secours et de la médecine, s’étendit à toutes les situations de la vie où il convient de ne pas repousser à plus tard (procédure d’urgence, courrier urgent, réunion en urgence…).
Contrairement à une idée répandue, il est tout à fait correct, et même classique, d’employer la locution « Ça urge ». Et ça urge souvent dans nos centres de secours, en dépit de la fameuse boutade de carabins : « En médecine, il n’y a pas d’urgence, il n’y a que des gens pressés. » Ce qui, d’ailleurs, se vérifie largement. Mais pas toujours, hélas ! D’où une distinction, relativement récente en matière de secours à victimes, entre les notions d’urgence vraie, réelle, vitale (la vie se trouve en danger) et d’urgence ressentie (ça peut produire une impression de malaise [mal à l’aise], ça peut angoisser fort, ça peut impressionner l’entourage, sans pour autant un quelconque risque organique — dans l’instant !). Une distinction à ne pas mettre sans crier gare entre toutes les oreilles, tant l’éducation du public s’avère chez nous encore notoirement insuffisante. Question de sécurité civile, en somme.
BL
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