Les sapeurs-pompiers de France ont porté secours à la population d'Haïti suite à la catastrophe de janvier 2010 |
Tout au long des pages passées de ce blog, il a été plusieurs fois affirmé que l’une des principales valeurs des secours distribués par les sapeurs-pompiers de France, est leur UNIVERSALITE, c'est-à-dire une égalité des secours quelle que soit la victime. Cette Universalité s’exerce pour tous les secours dits de « proximité » que les pompiers effectuent quotidiennement, dans le cadre géographique de leur centre de secours.
Parfois, les secours sont effectués sous l’égide de l’Etat, en cas de catastrophe nationale, dans le cadre de colonnes de renforts, constituées de sapeurs-pompiers. Les feux de forêts de l’Hérault en 2011, la tempête Klaus sur le Sud-Ouest en 2009, les inondations Xynthia en Vendée et en Charente-Maritime en 2010, en sont des exemples récents.
Cependant, dès les débuts de la Révolution, le concept de l’Universalité comportait bien, pour les Français, une dimension encore plus large, débordant largement le cadre national et l’étendant au Monde entier. L’Egalité était une notion généreuse s’appliquant à tous les habitants de la Terre et même dans l’esprit des Français une valeur à laquelle aspiraient tous les peuples, y compris ceux qui étaient opprimés et réduits à l’esclavage (la première abolition de l’esclavage fut votée le 4 février 1794). Tous les soldats de l’armée napoléonienne n’avaient-ils point dans leur gibecière le Code Civil français, modèle à leurs yeux de cette Liberté et Egalité qu’ils revendiquaient pour apporter aux peuples, non pas qu’ils vainquaient mais qu’ils délivraient de l’oppresseur, (« et les trônes roulant comme des feuilles mortes s’écroulaient au vent ! ») une nouvelle règle de vie commune ?
Cette notion de l’Universalité, dont le dévoiement a été le colonialisme, est une valeur bien ancrée dans l’imaginaire républicain des Français. C’est une des valeurs les plus fédératives de notre peuple, reprises par le Conseil national de la Résistance et conduisant à l’élaboration de la « Déclaration Universelle des droits de l’Homme et du Citoyen » de 1948. Elle est évidemment consubstantielle à la notion de distribution des Secours. Les sapeurs-pompiers de France se sont toujours sentis responsables d’aides à apporter aux peuples atteints par une catastrophe. Ce sentiment s’est amplifié et connaît des concrétisations dès lors que l’instantanéité des médias a réduit les frontières de notre monde à la clôture d’un jardin !
A la suite d’Agadir (1960) les tremblements de terre ont été les premiers théâtres d’intervention des sapeurs-pompiers français en secours constitués (sous l’égide de l’Etat), des spécialités, comme le sauvetage-déblaiement ou les équipes cynophiles furent constituées. Après le tremblement de terre de Mexico en 1985, sur lequel un détachement français fut dépêché, le concept de DICA (Détachement d’intervention catastrophes aéromobile) fut mis au point par la direction de la sécurité civile à la suite de travaux auxquels participaient les intervenants de Mexico, dont un certain jeune officier, le capitaine Richard Vignon. Des moyens de médecine de catastrophe (en hommes et matériel) furent d’abord montés à l’initiative du Conseil général du Gard : l’ELIS 30 (élément léger d’intervention santé) devenue un moyen national l’ESCRIM (élément de santé civile d’intervention médicale). Ces concepts sont toujours aujourd’hui en vigueur et constituent le détachement officiel français avec des sapeurs-pompiers civils volontaires et professionnels, des pompiers militaires et des militaires des Unités d’Instruction de la Sécurité Civile. Ce dispositif avec ce concept de médecine de catastrophe à la française (qualité médicale et chirurgicale similaire à celle des hôpitaux français) constitue une image extraordinaire du savoir-faire des sapeurs-pompiers de France.
Mais les procédures de déclenchement des moyens officiels sont lourdes, complexes, soumises à l’autorisation du quai d’Orsay, et donc forcément lentes .
C’est pourquoi, nombre de sapeurs-pompiers se sont constitués en Organisations non gouvernementales (ONG), qui offrent beaucoup de souplesse et de spontanéité dans leur déclenchement. Ces ONG, de surcroît produisent des actions humanitaires, qui peuvent s’inscrire dans la durée, dans des pays touchés soit par une catastrophe mécanique, soit par des difficultés humanitaires. Ces efforts recoupent des aides dans la reconstruction, mais aussi dans l’apport de matériel, de formations, de tout ce qui rentre dans le domaine du savoir-faire des sapeurs-pompiers de France. La Fédération, qui a une convention de partenariat avec Sapeurs-Pompiers sans Frontières, essaye, dans des travaux en cours, de fédérer ces associations pour faciliter et coordonner leurs interventions dans les pays étrangers.
Mais l’action internationale des sapeurs-pompiers de France se situe aussi dans la volonté de fédérer les sapeurs-pompiers du Monde entier . La fondation du CTIF (comité technique international du Feu) dès 1905, à l’initiative de la Fédération, sa participation à l’organisation européenne FEU, les voyages du président de la Fédération, aux Etats-Unis, au Canada, au Brésil, son intervention orale auprès du Parlement du Royaume Uni attestent de cette volonté de participer à cette organisation de constituer une force de lobbying à travers une fraternité des sapeurs-pompiers du Monde entier. Une Universalité des Pompiers du Monde !
Forts de cette particularité de faire reposer un modèle de secours sur l’engagement citoyen s’exprimant à travers une parfaite complémentarité entre sapeurs-pompiers volontaires et professionnels, de leur polyvalence, de leur possibilité de constituer des colonnes de renforts internationaux extraordinairement performantes, avec les hommes qui distribuent au quotidien des secours de proximité, les sapeurs-pompiers de France participent grandement au rayonnement de notre pays à l’étranger ! Partout ils sont enviés comme dans certains pays d’Amérique centrale où le jargon du métier emploie une sémantique française, ils sont pris en modèle. Les sapeurs-pompiers de France demeurent cependant modestes. Ils font partie de ceux qui veulent donner mais aussi de ceux qui savent recevoir. Leur conception est basée sur le respect des uns et des autres et sur un enrichissement mutuel. Fiers de leur pays, de leur nation, mais pas donneurs de leçons.
Généreux mais Humbles !
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