Le
16 Septembre 2002, un terrible « embrasement généralisé éclair »
(flash over) tue cinq sapeurs-pompiers de la Brigade des sapeurs-pompiers de
Paris engagés sur un feu d’appartement à Neuilly. Certains sont des
sapeurs-pompiers volontaires de corps départementaux.
Le 29 novembre 2002, une voiture fauche et tue cinq sapeurs-pompiers du Corps départemental de la Drôme engagé pour un secours routier sur l’autoroute A7 à la hauteur de Loriol. Le corps de l’un d’entre eux, projeté dans la Drôme, ne sera jamais retrouvé.
Le ministre de l’intérieur de l’époque, M. Nicolas Sarkozy, pressé par la Fédération nationale des sapeurs-Pompiers de France et les syndicats unanimes, décide d’engager un processus de qualification de « dangereuse » l’activité de Sapeur-Pompier.
Le 29 novembre 2002, une voiture fauche et tue cinq sapeurs-pompiers du Corps départemental de la Drôme engagé pour un secours routier sur l’autoroute A7 à la hauteur de Loriol. Le corps de l’un d’entre eux, projeté dans la Drôme, ne sera jamais retrouvé.
Le ministre de l’intérieur de l’époque, M. Nicolas Sarkozy, pressé par la Fédération nationale des sapeurs-Pompiers de France et les syndicats unanimes, décide d’engager un processus de qualification de « dangereuse » l’activité de Sapeur-Pompier.
Cela
faisait longtemps que les Sapeurs-Pompiers réclamaient, en vain, que fût reconnue la dangerosité de leur activité.
La loi du 26 janvier 1984 sur la fonction publique territoriale reconnaissait
qu’un certain nombre de professions étaient insalubres ou dangereuses et
étaient assorties, pour ces raisons, de primes spéciales et d’avantages de
retraite. Les établissements communaux ou de coopération intercommunale de plus
de 200 agents, devaient comporter un Comité d’Hygiène et de Sécurité du Travail
(devenus depuis 2010 des Comités d’Hygiène et de Sécurité et des Conditions de
Travail, le CHSCT).
Les
sapeurs-pompiers ne bénéficiaient pas de ces dispositions, parce qu’elles ne
pouvaient concerner que des sapeurs-pompiers professionnels et que 85% de leurs
effectifs étaient des sapeurs-pompiers volontaires. Pourtant certains avantages
avaient été consentis aux sapeurs-pompiers professionnels, notamment
l’intégration de leur prime de feu dans le calcul du salaire brut servant au
calcul de la pension de retraite (1993), avantage financé par une surcotisation
et un avantage de bonification d’années pouvant aller jusqu’à cinq ans, à
condition de respecter un certain nombre
de dispositions de carrière. Plus tard ils obtinrent le Congé pour Difficulté Opérationnelle
(CDO) mails ils n’obtinrent rien de
plus, à l’instar de ceux qui depuis longtemps bénéficiaient, comme les
égoutiers par exemple, d’avantages statutaires plus importants, notamment en
matière de retraite.
Les
sapeurs-Pompiers volontaires, eux, n’avaient rien !
Et
pourtant… Le tribut des sapeurs-pompiers, payé à la Nation en poids de vies humaine, lors des interventions était
l’un des plus importants de tous les corps constitués. Les années 70 et 80
avaient été funestes et les sapeurs-pompiers cruellement endeuillés, notamment,
par des tragédies horribles dans des feux de forêts dans le Var et les Bouches
du Rhône qui s’ajoutaient à beaucoup d’autres. Les années 90 avaient, à peine
marqué, un léger mieux, mais 196 sapeurs-pompiers étaient morts en service commandé
entre 1992 et 2002 , soit le chiffre effroyable de 20 morts par an.
Le
mérite du ministre et de ses successeurs fut de considérer que ce chiffre ne
devait pas constituer une fatalité !
Dès
après la tragédie de Loriol, le ministre commit le colonel Pourny, chef de
l’Inspection Technique, pour lui rendre un rapport sur la dangerosité de
l’activité des sapeurs-pompiers et sur des propositions pour mieux se protéger
contre les risques inhérents à l’activité de sapeur-pompier et diminuer le
nombre de victimes. Christian Pourny eut l’excellente idée de mobiliser, autour
de son projet, la totalité des sapeurs-pompiers et des spécialistes de la sécurité
.La Fédération y joua son rôle. Le colonel Pourny présenta son pré-rapport le 7 décembre 2003. Certaines parties étaient
à peine ébauchées et ne sont pas encore aujourd’hui totalement achevées. Il constitue cependant l’ouvrage de référence en
matière de sécurité chez les sapeurs-pompiers.
De nombreuses propositions, dans tous les types de mission, furent suivies d’effets
en normes, en pratiques et en règlements opérationnels. Certaines furent des
mieux sensibles (équipements de protection individuelle, signalisation des
véhicules, pratiques d’interventions etc.), d’autres furent plus discutables
car ils se retournèrent, juridiquement, contre les sapeurs-pompiers comme les fameux
GNR (Guides nationaux de Référence).
La
Fédération continua alors d’intervenir pour que le caractère de dangerosité fût
inscrit dans la loi, en cours de préparation. La loi dite de
« modernisation de la Sécurité Civile » retint le caractère dangereux
de l’activité de sapeur-pompier. La création de CHST devenait obligatoire dans
tous les corps départementaux, pour y réunir en principe les professionnels et
les volontaires. Un bureau de prévention accidents-enquêtes (BPAE) fut créé à
l’Inspection technique par le préfet De Lavernée directeur de le Défense et de
la Sécurité Civile le 15 mars 2005. Tous ces efforts, relayés dans les corps
départementaux et par les pompiers contribuèrent à faire chuter le nombre de
morts en service, alors que le nombre d’interventions ne cessait d’augmenter et
à faire diminuer le nombre d’accidents du travail.
Des
avantages supplémentaires sur les Difficultés Opérationnelles furent consentis
aux sapeurs-pompiers professionnels dans le rapport d’étape de mai 2004.
D’autres furent consentis aux sapeurs-pompiers volontaires dans la loi du
21/7/2011.
Cependant
de nombreux chantiers restent ouverts : l’intégration des sapeurs-pompiers
volontaires dans les CHSTC (incompatibilités des lois) qui reste source de
conflits entre certaines sections syndicales et les sapeurs-pompiers volontaires,
la déclinaison en avantage retraite de la dangerosité qui n’aboutit pas, les GNR qui doivent être des documents
indicatifs et non d’application coercitive (risque en partie écarté par la loi
du 22/7/11) , le BPAE qui doit être un bureau d’aide et non instrumenté par des
actions de justice .
Finalement,
ce caractère dangereux, reconnu par la loi du 13 août 2004 fut une certaine
déception pour les sapeurs-pompiers. Il y eut même des effets pervers puisque
certains assureurs voulurent alourdir les primes payées (responsabilité civile,
assurance automobile, assurance-vie etc.),
par ceux qui étaient sapeurs-pompiers, puisqu’ils pratiquaient une
activité dont la dangerosité était attestée par la loi.
L’époque
n’était plus propice à l’expression matérielle de cette reconnaissance. Mais
rien n’est perdu et c’est même le contraire qui se produit : des
vies ont été épargnées, la protection
des sapeurs-pompiers, leur équipement,
leurs procédures d’intervention ont connu des progrès
spectaculaires ! Et l’efficacité de leurs interventions a
considérablement progressé par la même occasion. Alors si, une fois de plus
l’avantage n’était pas là où on l’y attendait, mais bien dans le service rendu
aux autres ?
Les
sapeurs-pompiers de France, en quête d’une reconnaissance l’ont obtenue mais au
fond, par un effet induit ne l’ont-ils
pas retournée vers l’Intérêt
Général ?
Une
nouvelle fois ils ont fait preuve de modernité !
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