Non, quelqu’un qui a subi un puissant choc électrique, mais qui s’en est sorti grâce à une équipe de pompiers munie d’une valise électro-secours — puis à des soins adaptés —, ne peut plus être qualifié d’« électrocuté ».
Le verbe qui convient, sous sa forme de participe passé, est électrisé ! C’est seulement quand s’ensuit la mort que le mot électrocution s’impose.
Attesté en français vers 1895, électrocuter est venu de l’anglo-américain to electrocute ; en fait, du français électro- et de l’anglais (to exe)cute, « exécuter ». On entrevoit l’ombre de la chaise électrique comme moyen d’exécution judiciaire aux Etats-Unis. Oui, mais, pour les linguistes, que la mort soit infligée par les hommes ou due à un redoutable accident électrique, le même mot s’applique au même phénomène physiologique.
En revanche, il suffisait des mots électriser et électrisation pour désigner une mise sous tension, voulue, voire accidentelle, d’un objet ou d’un organisme. Exemples : l’électrisation, durable, d’une clôture ou celle, fugace, d’un enfant qui « prend une châtaigne », les doigts dans une prise non encore sécurisée. L’étonnant, c’est qu’électriser est attesté depuis 1733. Bien sûr, l’électricité naturelle (du grec êlektron, « ambre jaune ») était connue depuis la nuit des temps. Encore fallait-il la maîtriser et l’utiliser. Un repère : en 1879, Thomas Edison mettra au point notre classique lampe à incandescence, en voie de disparition. (Au figuré : électriser un auditoire.)
BL
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire