Certain auteur de pages de ce
blog a disserté, interminablement et fastidieusement, jusqu’à l’ennui des
lecteurs sur les valeurs du modèle français des secours, s’interrogeant pour
savoir si la Modernité
est incluse dans l’Humanisme ou bien le contraire, parlant d’Universalisme,
qu’il ne faut pas, attention, confondre avec Universalité, Egalité qui n’est
pas Equité et qui renvoie à la question « existentielle » de savoir
si des secours équitables sont égaux , à moins que ce ne soit le contraire… Il
en a fait des pages de pseudo-philosophie pour magnifier le pompier, parler de
sa transcendance dans l’abnégation de l’équipe ,de son dévouement inlassable,
de la liberté de son engagement et j’en passe et des meilleures qui sont
peut-être de très jolies formules, mais que personne ne comprend, Elles
n’intéressent personne et sont surtout bien déconnectée des réalités du
terrain. Les pompiers qui interviennent quotidiennement se moquent éperdument
de savoir au nom de quelles valeurs, ils le font. D’ailleurs y-en-a-t-il eu
beaucoup de pompiers qui ont lu ces pages savantes ? On peut en douter et
cela devrait renvoyer son auteur à un peu plus de modestie et d’humilité.
Oui, il faut dire aux élites de
notre pays ce que sont les sapeurs-pompiers dans notre France. Oui ils portent
la modernité, la marque de fabrique de notre Révolution ! Oui, ils font
vivre l’Universalité de la
Nation ! Oui ils incarnent la résistance et la
résilience ! Oui ils sont libres, égaux et fraternels ! Oui ils font
vivre un modèle éminemment républicain, exemplaire pour la jeunesse, envié dans
le monde entier ! Oui ils œuvrent pour l’Intérêt Général! Oui !
Oui ! Mais encore ?
Et si pour une fois, on parlait
pour ceux qui devraient être les lecteurs de ce blog, les 250 000
sapeurs-pompiers de France qui interviennent sans jamais ne rien revendiquer
4 250 000 fois par an, les 45 000 anciens (du moins ceux qui
sont répertoriés) qui ont blanchi silencieusement, modestement sous le harnais
de leur équipement ne regrettant que d’avoir été rattrapé, trop vite, trop tôt
par la fin d’activité, les 23 000 jeunes formés, sans broncher, par leurs
aînés à qui ils manifestent respect et gratitude, et prêts à venir remplacer,
le moment venu, ceux qui partent.
Si pour une fois, on disait ce
que sont ces modestes, ces humbles, ces petits gars du coin de la rue, prêts à
tout pour aller porter secours aux autres. Des formules toutes faites
existent, « Pompier un jour, Pompier toujours » « On ne
naît pas Pompier, mais on meurt Pompier ». Ce n’est pas de la haute
littérature comme les formules que l’on évoquait ci-dessus, mais il n’y a pas
besoin de prendre une encyclopédie, ni de surfer interminablement sur la toile,
pour les comprendre. C’est immédiat. On comprend que l’engagement de
sapeur-pompier qu’il soit celui de quelques années ou de toute une vie, marque
indélébilement l’homme qui l’a contracté jusqu’à, pour beaucoup, exprimer sa
volonté de porter, comme tenue funèbre sa tenue de sortie.
Alors essayons de définir un peu
à quoi ressemble un pompier, ce qui le distingue des autres.
En premier lieu, la loyauté. Les
pompiers respectent leur hiérarchie et même s’ils considèrent qu’un chef
pourrait être meilleur, ils ne le remettent pas en cause. Ils lui obéissent
loyalement. Ce sont des légalistes, ne remettant pas en cause l’ordre établi.
D’ailleurs, ils savent prendre des responsabilités associatives, politiques.
Beaucoup sont conseillers municipaux.
En second lieu, ce sont tous de
fortes têtes, donnant leur avis même, ou plutôt surtout, quand on ne leur
demande pas. Ils ont ce sentiment d’être libres par leur engagement et de parler
au nom de l’intérêt des sinistrés, des victimes. D’ailleurs, il en faut du
caractère pour aller chercher une victime au fin fond d’un appartement
enfumé ! Ils peuvent être alors rudes comme certains syndicalistes ou
faire preuve, parfois, de caractères atrabilaires comme certains anciens, dans
leur section !
Par ailleurs, les pompiers sont
les rois de la débrouille, du système « D ». Chacun, sur intervention
a son petit truc avec sa cordelette, son nœud d’amarre, son couteau. On fait
des nœuds, des épissures. On fabrique une petite pièce. On supplée le matériel
défaillant. On bricole, on improvise. Ce n’est pas toujours génial, ce n’est
jamais règlementaire, mais ça rend bien service et assure le succès de la
mission. Que surtout les sacro-saints canons de la formation ne nous fassent
pas perdre cette qualité de l’adaptation au terrain, primordiale !
Autre signe distinctif : la
solidarité. Les Sapeurs-Pompiers sont solidaires avec les victimes et entre eux
certes, mais l’entraide est aussi une seconde nature pour eux. Jamais personne
ne s’est arrêtée dans un centre de secours pour demander un service sans qu’on
ne le lui ait rendu, du moins sans qu’on ne le lui ait donné la bonne
indication pour résoudre sa difficulté. Dans sa vie privée, le pompier
spontanément aide son voisinage et ne refuse jamais une sollicitation.
Autre constante : les
pompiers sont conviviaux, joyeux. Les plaisanteries, les farces sont nombreuses
dans les centres de secours. Les occasions qu’offre l’amicale de se rencontrer
sont toujours très prisées. La camaraderie du cul du fourgon où après l’effort
on prend le café en parlant de tout, de rien, n’est pas un vain mot. Les
pompiers aiment les bonnes collations, boire des canons, raconter des blagues.
Ils sont d’ailleurs très nombreux les pompiers qui se retrouvent dans le comité
des fêtes de leur village, comme président ou animateur.
Mais ce n’est pas tout, les
Pompiers sont aussi chaleureux, sympas, accueillants, prêts à se mobiliser pour
le Téléthon ou d’autres grandes causes nationales, mais sont aussi capables, de
grands exploits sportifs ou de remuer ciel et terre pour apporter un espoir, un
peu de confort à des enfants handicapés ou atteints de maladie orpheline,
qu’ils connaissent, qui font partie de leur environnement. Les exemples sont innombrables.
Et que dire de leur générosité pour les grandes collectes au profit des
victimes du tsunami en 2004 ou de celles d’Haïti !
Enfin, les pompiers sont enfin
des hommes aimant, des durs au cœur tendre, à l’égard de l’enfant qui souffre
et que l’on secourt avec des gestes d’une douceur infinie, de l’handicapé
mental qui trouvera au centre de secours une seconde famille, de la petite
vieille seule qui sera invitée au réveillon de l’équipe de garde, de la victime
qui a tout perdu et à qui on, enverra un bouquet de fleurs, après s’être
cotisé, pour la fête des mères, du clochard à qui l’on parle avec un petit air
guilleret et infiniment sympa.
Et si c’était ça, au fond la
première qualité de ces modestes, de ces humbles, confrontés tous les jours,
toute une carrière aux malheurs banals de la vie :
Moi qui vais partir en retraite dans 6 mois, après 7 ans de JSP, 8 ans de SPV et 35 ans de SPP, je retrouve dans ces lignes tout ce qui a jalonné ma vie professionnelle, familiale et associative. Merci d'avoir mis des mots sur autre chose que la technologie, la formation et autres facettes officielles. Merci d'avoir parlé de notre vraie vie.
RépondreSupprimerPour compléter mon commentaire du 19 septembre et répondre à l'auteur de l'article, je me dois d'affirmer que toutes les pages sont intéressantes. Même les "pages savantes" présentent un attrait et elles ont intéressé au moins une personne, moi!!. Votre article dénote une observation fine de toutes les facettes de notre engagement mais n'autorise pas pour autant à dénigrer le ressenti d'un autre auteur. Ce blog m'a appris beaucoup, tant sur notre histoire que sur l'actualité et chaque article a apporté sa pierre à l'édifice. Merci à toutes et à tous
RépondreSupprimerEt si l'auteur de cette page et des pages "savantes" était le même et qu'il aurait voulu montrer de cette façon que la générosité ne peut -être que spontanée, dénuée de toute autre considération? Que le terrain est finalement la seule vérité avec tout l'engagement que les pompiers y donnent ? Ce qui ne veut pas dire pour autant que les valeurs "savantes" son dénuées d'intérêt , mais elles ne doivent servir qu'à mettre en perspective le "don de soi" spontané de ceux qui apportent par leur présence , par leurs actions, de l'humanité dans la misère quotidienne, l'accablement du drame , l'horreur d la tragédie.
RépondreSupprimerMerci de vos commentaires et heureux de me sentir en harmonie fraternelle avec vous parce que nous sommes réunis sous le même uniforme.